Togo : La démocratie confisquée, 1963–2013

Dans un contexte fragile, la société s’organise au Togo

, par CDTM 34

La situation économique est préoccupante

Le Togo fait partie de la CEDEAO (Communauté économique régionale – 15 pays) et de l’UEMOA (Union monétaire, autour d’une Banque centrale - 8 pays).
La part la plus importante du PIB provient de deux secteurs d’activité éminents : le port de Lomé et l’exploitation d’un important gisement de phosphates.

Le port en eau profonde est une réalisation hautement politique, et d’envergure internationale, puisqu’une mise en œuvre aussi coûteuse ne pouvait se justifier que si elle concernait les pays enclavés au nord du Togo (notamment le Burkina Faso et le Niger) et bien sûr les réseaux marchands des bailleurs de fond, ce qui induisait la création, également, d’un réseau routier vers ce nord. Une zone franche s’est mise en place à la fin des années 80.

Une petite industrie de PME couvre de nombreux secteurs de la consommation courante. L’agriculture assure la sécurité alimentaire et concerne plus des 2/3 de la population active. Les cultures d’exportation portent essentiellement sur le café, le cacao et le coton.
Un barrage hydroélectrique (réalisation conjointe du Bénin et du Togo) fournit près du tiers des besoins en électricité des deux pays. Togo et Bénin dépendent pour 70% du Ghana.

La production du phosphate a considérablement chuté pour des fautes de gestion et l’exploitation est dans le rouge depuis deux décennies. Des mesures de redressement et un plan d’investissement sont en cours, sans résultat pour l’instant.

Dans le début des années 2000, on a spéculé sur un important gisement de pétrole qui reste encore aujourd’hui hypothétique. Fin 2010, le gouvernement togolais annonçait qu’il ne perdait pas espoir dans ce domaine, mais l’opposition ne voit là que pure propagande. C’est une société italienne qui suivrait l’affaire. Depuis quelques années, la coopération avec le Togo intéresse les pays émergents (Brésil, Chine) et la dette a été effacée, en particulier par le FMI.

La reprise reste très faible et la paupérisation se poursuit en raison, notamment, des hausses des prix des produits pétroliers et d’importation. Le chômage et le sous-emploi continuent de progresser : plus de 33%, jusqu’à 36 % en milieu urbain et plus encore parmi les jeunes.

La population s’organise et se mobilise pour la défense de ses droits

Dans un pays en régression, la population togolaise assure courageusement sa survie.
Les conséquences de la détérioration de la situation économique sont particulièrement visibles dans les domaines scolaire et sanitaire. Le manque d’écoles et de fournitures, la faible qualification d’une grande partie des enseignants et le caractère aléatoire de leur rémunération posent deux problèmes majeurs : l’accès à l’éducation et sa qualité.
La population sent bien que le vecteur de la démocratisation est l’éducation et qu’elle doit reprendre son destin en main puisque l’Etat est défaillant. Elle s’investit, au niveau local dans une dynamique associative assez développée : micro-crédit, animation rurale, mouvements féminins d’entraide et de conscientisation, associations de quartier etc.

Depuis des mois, le Togo vit au rythme d’une forte contestation populaire. Ces manifestations souvent interdites, expriment à la fois des revendications économiques et politiques. Plusieurs associations regroupées au sein du Comité « Sauvons le Togo », demandent une amélioration des règles électorales, la lutte contre la fraude et contre l’impunité.