Togo : La démocratie confisquée, 1963–2013

Introduction

, par CDTM 34

Introduction

Le Togo est l’une des plus anciennes dictatures du continent africain. En 1963, une poignée de soldats dont fait partie Etienne Gnassingbé Eyadema, assassine Sylvanus Olympio, président de la république et père de l’indépendance du Togo. Soutenu par la France, Etienne Gnassingbé Eyadema est resté trente-sept ans au pouvoir, jusqu’à sa mort en février 2005. Il était l’un des plus purs produits de ce qu’on a appelé la Françafrique. Depuis sa mort, son fils Faure Gnassingbé dirige le pays de façon autoritaire et laisse le pays aller à vau-l’eau.

Les relations franco-togolaises restent un mystère pour beaucoup d’observateurs. On s’est interrogé sur l’acharnement de la France à soutenir le Général-Président, notamment quand il bafouait ouvertement les "principes de La Baule" qui conditionnaient l’aide de la France à une gouvernance démocratique. Comment, pourquoi, les différents gouvernements français, de droite comme de gauche, ont-ils continué à soutenir le régime d’Eyadema ? Le Togo ne constitue pas un point stratégique et ses richesses, modestes, ne justifient pas un tel engouement. Faut-il y voir de véritables relations mafieuses comme le soupçonnent certains commentateurs ?

La démocratie n’est toujours pas là…

On a pu espérer un temps que l’élection présidentielle du 4 mars 2010 marquerait un tournant dans la vie politique du Togo. Malgré les accusations de fraudes, l’élection a été reconnue par les puissances occidentales. Faure Gnassingbé est réinvesti avec 60,9 % de voix. Depuis, il y a un semblant de démocratie au Togo. Le peuple togolais défile dans la rue, ce qui ne veut pas dire qu’il ne prend pas des coups.

Le gouvernement togolais semble avoir perdu un peu d’assurance. Il a affirmé qu’il voulait organiser des discussions entre les acteurs politiques laissant espérer de nouvelles pratiques fondées sur le dialogue et le respect des droits de tous les citoyens. Faure Gnassingbé cherche à améliorer son image ; il a promis de criminaliser la torture et de traduire en justice les militaires ayant commis des exactions, mais les militaires qui ont été reconnus coupables de torture par l’Agence Nationale de Renseignement sont toujours libres de leur mouvement et ont même été décorés par le Président. Il a aussi a pris l’engagement de suivre les conclusions de la Commission Vérité Justice Réconciliation. Celle ci a recommandé des mesures de réparation en faveur des victimes, la poursuite des auteurs présumés des violences et la mise en place de réformes constitutionnelles pour mettre fin à l’impunité.

Mais concrètement, les choses ne changent pas. Les revendications populaires exprimant des revendications économiques et politiques sont réprimées avec violence par le pouvoir. Les associations locales et internationales de défense des droits de l’Homme dénoncent les atteintes aux droits de l’Homme au Togo.