Ce que la pensée décoloniale peut apporter à l’ECSI

Zoom sur quelques outils pour décentrer les regards

Du côté de l’ECSI N° 31 – juin 2020

Pour donner à voir la persistance d’oppressions et de hiérarchies de genre, raciales ou sociales, l’approche décoloniale invite à rendre visibles, audibles d’autres vécus. L’animateur·rice, conscient·e, dans sa posture, que son expérience personnelle a forgé sa manière de voir la société (point de vue situé), pourra choisir des outils pédagogiques qui mettent en lumière les vécus des personnes concernées ou permettent de les faire émerger, et qui contribuent à la construction de nouveaux récits collectifs.

A partir de 6 ans

Comme un million de papillons noirs
« Décrits comme « sauvages », les cheveux afro naturels sont moqués et les fillettes ont du mal à les accepter, voire simplement à se trouver belles avec. À cause des moqueries, Adé est une petite fille qui n’aime pas ses cheveux. Accompagnée par sa mère et ses tantes, elle va découvrir en douceur la beauté de ces papillons endormis sur sa tête, jusqu’à leur envol final ».
Un ouvrage à lire et à discuter avec les plus jeunes, pour parler des violences que peuvent connaitre les enfants noirs dès leur plus jeune âge : « Laura Nsafou se dit marquée par les travaux de Toni Morrison et de Simone Schwarz-Bart, qui ont toutes deux exploré la notion de coiffage chez les afrodescendants, qui relève de l’héritage culturel. J’avais très envie de parler de cette transmission essentielle. Et mon livre est aussi une réponse au harcèlement scolaire que j’ai vécu petite, que ce soit au sujet de ma couleur de peau, de mon faciès ou de mes cheveux. Ça arrive encore très fréquemment à plein de petites filles noires. »

A partir de 14 ans

Nous, les Belges. Eux, les colonisés

Zin TV est un projet associatif belge de « pédagogie de l’audiovisuel ». Parmi les ateliers que l’association propose aux jeunes et aux élèves, « Nous les Belges, eux, les colonisés » est un parcours pédagogique pour analyser l’impact de la propagande coloniale sur la « construction de nos représentations de l’Autre », sur « notre imaginaire collectif » (par le passé et aujourd’hui). La 1e partie du livret pédagogique s’intéresse à l’histoire et à la propagande coloniale, la 2nde partie s’intéresse à l’impact de ce récit national sur les personnes noires et racisées aujourd’hui. Pour faciliter la prise de conscience et faire émerger la parole, le livret est accompagné d’une série de photos de campagnes de communication ou de publicités actuelles à analyser collectivement, ainsi que d’une série de vidéos. La dernière partie du livret propose de passer à la création d’outils multimédias pour diffuser d’autres récits et créer un nouvel imaginaire collectif.

A partir de 16 ans

Ouvrir La Voix
« Un documentaire d’Amandine Gay sur les femmes noires issues de l’histoire coloniale européenne en Afrique et aux Antilles. Le film est centré sur l’expérience de la différence en tant que femme noire et des clichés spécifiques liés à ces deux dimensions indissociables de notre identité « femme » et « noire ». Il y est notamment question des intersections de discriminations, d’art, de la pluralité de nos parcours de vies et de la nécessité de se réapproprier la narration. »
« J’ai toujours été interpellée par le manque d’archives disponibles sur les luttes et l’histoire des femmes noires dans ce pays. Qui connait l’Union des femmes de la Martinique ? Qui a eu la chance de lire Maryse Condé à l’école ou de voir Rue Cases-Nègres à la télévision ? ».