Les conflits oubliés du Soudan

Le Soudan après 2021 et la guerre de 2023

, par Forum Réfugiés

Après la destitution du président Omar el-Béchir en 2019, le gouvernement de transition a réussi à avancer sur certains dossiers de réformes attendues de longue date. Ainsi, la législation sur les châtiments corporels est modifiée et les mutilations génitales féminines sont désormais sanctionnées pénalement.

Le 25 octobre 2021, l’armée organise un coup d’État et s’empare du pouvoir à Khartoum. Elle dissout le gouvernement civil et impose l’état d’urgence dans tout le pays. Des manifestations éclatent alors en représailles. L’armée ouvre le feu sur les manifestant·es, faisant au moins sept mort·es et plus de 140 blessé·es. L’état d’urgence est rétabli. Un accord est signé par l’armée le 21 novembre 2021, afin de réintégrer le Premier ministre évincé, mais la crise persiste : le peuple reste hostile et méfiant face à l’armée et ses agissements, malgré les initiatives de médiation des Nations unies.

Plusieurs groupes sont responsables des conflits et violences dans le pays : des milices armées qui agissent en toute impunité dans des zones géographiques identifiées, comme le Darfour, mais aussi d’autres acteurs gouvernementaux (armée soudanaise, services de renseignements etc.).

Grâce à la mise en place d’importantes réformes économiques, le Soudan a obtenu des institutions financières internationales un allègement de sa dette de 20,5 milliards de dollars des États-Unis. Mais un grand nombre d’organisations internationales ont suspendu leurs programmes d’aide économique à la suite du coup d’État, mettant en péril les résultats obtenus auparavant.

Selon Le Monde, quatre mois après le coup d’État d’octobre 2021, tous les indicateurs économiques sont au rouge : inflation galopante, effondrement des exportations, risques de pénurie etc. Les autorités cherchent désespérément des soutiens, notamment auprès de la Russie (presque 50 % du blé consommé au Soudan provient de ce pays). Les réserves diminuent à vue d’œil et les boulangeries soudanaises s’attendent à encore augmenter le prix du pain, alors que l’inflation pèse déjà sur les habitant·es. L’insécurité alimentaire grandit et l’accès à la santé se complique : depuis 2015, un tiers des établissements de santé publique ne sont pas entièrement opérationnels, en raison du manque de personnel et d’infrastructures physiques déficientes.

Les progrès sociaux restent très fragiles, notamment concernant les droits des femmes : les mariages précoces sont autorisés par la loi soudanaise, qui fixe à 10 ans l’âge minimum du mariage pour les filles. La volonté de fixer l’âge minimum du mariage à 18 ans se heurte à l’opposition des conservateurs religieux. La traite des femmes et le travail forcé, notamment des ressortissantes éthiopiennes, érythréennes et somaliennes persistent.
Pour Amnesty International, les modestes progrès réalisés par le gouvernement de transition en vue de l’amélioration de la situation des droits humains ont été réduits à néant après ce coup d’État militaire d’octobre 2021. (https://www.amnesty.fr/pays/soudan)

Depuis le 15 avril 2023, le Soudan est de nouveau déchiré par un conflit. Celui-ci oppose les troupes de l’armée régulière, les Forces armées du Soudan (FAS), du général Al-Bourhane, au pouvoir depuis son coup d’État du 25 octobre 2021, et les Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire dirigée par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit Hemeti.
Depuis le renversement du président Omar el-Béchir en 2019 (après 30 ans au pouvoir), le Soudan est sous l’autorité des deux forces militaires : l’armée nationale (FAS) conduite par le général Abdel Fattah al-Burhan au pouvoir depuis son coup d’État le 25 octobre 2021, et les Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire dirigée par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit Hemeti. Depuis le 15 avril 2023, les deux généraux s’affrontent, plongeant le Soudan dans la guerre civile et le chaos. Longtemps concentrés à Khartoum et dans certaines villes du Darfour, les combats gagnent tout le pays, poussant des milliers de civil·es sur les routes de l’exil.

Le 12 septembre 2023, Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a déploré la mort de centaines de personnes dans des attaques à caractère ethnique menées par les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) et les milices alliées dans l’ouest du Darfour.
Depuis le 15 avril 2023, la guerre civile a fait 5 000 mort·es au moins, a contraint a minima 5,2 millions de personnes à se déplacer et menace la région entière de l’Afrique du Nord. Ce conflit, entre deux officiers, menace de devenir une guerre civile à grande échelle.
Pas moins de "la moitié de la population soudanaise aurait besoin d’une aide urgente".