Énergie et eau : un modèle énergétique alternatif pour l’Équateur

Des réponses précipitées face à des pannes prévisibles

, par EcoPortal

La réponse officielle donnée face à la crise de l’électricité s’est basée sur divers domaines. À l’aide d’un plan de contingence, le Ministère de l’électricité et des énergies renouvelables prétendait réduire la consommation nationale d’énergie de 5 % à 10 %. Des restrictions ont donc été effectuées dans les zones résidentielles, en essayant d’éviter qu’elles ne parviennent jusqu’aux zones commerciales et industrielles. Cependant, l’intensité de la sécheresse a également affecté ces deux secteurs, aggravant les effets qu’a eu la forte crise économique mondiale sur l’économie nationale.

Afin de faire face aux restrictions d’énergie, la liaison avec le Pérou a été mise en place et la non réduction de l’offre colombienne a été négociée [1]. De la même manière, la production d’énergie a été amplifiée grâce à la centrale thermique Victoria II ainsi qu’à l’acquisition de sept turbines General Electric (154 MW). Aux coûts d’achat des nouveaux générateurs, s’élevant à 176 millions de dollars (environ 134 millions d’euros) [2], s’ajoute l’augmentation des importations de produits annexes telle que l’essence qui représente 84 millions de dollars (environ 64 millions d’euros) [3]. Doivent être également comptés l’achat d’électricité provenant de la Colombie et du Pérou (180 MW) ainsi que la location de plusieurs modules de centrales thermiques s’élevant à 104 millions de dollars (environ 79 millions d’euros) (175 MW).

En d’autres termes, ce qui a été fait face à l’urgence aurait du être fait avant, sans hâte et à moindre coût.

Les coûts des restrictions ne sont pas passés inaperçus dans l’économie. Le gouvernement estime qu’ayant affecté le pays pendant 46 jours, elles ont provoqué des pertes estimées à 280 millions de dollars (environ 213 millions d’euros). Selon d’autres estimations, publiées par la Chambre de commerce de Quito, ces pertes pourraient avoir atteint les 550 millions de dollars (environ 418 millions d’euros).

En résumé, s’il est vrai que le retard des investissements ainsi que la mauvaise gestion du secteur de la part des anciens gouvernements sont les responsables majeurs de la crise de l’énergie, il n’est pas moins certain que le gouvernement du président Rafael Correa a négligé la quantité de production thermoélectrique nécessaire afin de pouvoir faire face à ce type d’événement tant qu’il n’y aura pas assez de centrales hydroélectriques, ainsi que pour répondre à la demande pendant les heures de pic de consommation. Le gouvernement s’est concentré sur ces mégaprojets avec une vision à long terme, qui pour diverses raisons, n’a pas pu les mener à bien correctement, et en a oublié de prendre en compte la conjoncture [4].. Ce qui s’est passé mérite d’être jugé et de façon encore plus dure puisque rien n’a été fait afin de faire face à la menace énergétique alors que les risques imminents étaient connus, que les plans d’actions étaient définis et les ressources financières suffisantes pour mettre en œuvre ce qui était prévu en juin 2007 (Agenda Énergie) disponibles.

La crise devrait représenter un tournant dans la gestion du secteur de l’énergie en général, qui exige une meilleure efficacité de son utilisation, sans négliger le développement de la production. Cela nécessite des réponses conjoncturelles, sans perdre de vue le changement structurel de la matrice énergétique. Les empressements à des fins politiques empêchent l’exploitation de cet énorme potentiel que possède l’Équateur, en commençant par l’hydroénergie.

Notes

[1Il faut souligner que le gouvernement de Colombie, lors des restrictions d’électricité en conséquence de la sécheresse, a réduit massivement la vente d’électricité à l’Équateur, qui représentait auparavant entre 10 % et 12 % de la demande nationale. Au début de la crise de l’électricité, presque comme une autre conséquence de celle-ci, la distribution a été réduite à 1 % ou moins.

[2Il faudrait ajouter le coût des accessoires, du transport ainsi que de l’installation (26 millions de dollars, soit environ 20 millions d’euros).

[3Selon les données du Ministère de l’électricité, plus de 70 millions de litres complémentaires d’essence ont été nécessaires au fonctionnement des générateurs thermiques, entre novembre 2009 et le milieu de l’année 2010.

[4Tant et si bien que, par exemple, plusieurs centrales de production thermique, et même certaines de production hydraulique, étaient en réparation et donc non disponibles au moment où est survenu le problème