Scénarios de transition et alternatives au modèle extractiviste en Amérique latine

, par CooperAcción , DE ECHAVE Jose

Le dossier, dont les 10 articles ont été rédigés par des membres de l’équipe de CooperAcción, a été réalisé en espagnol et est à lire ici

Espinar, Cusco 2014. Crédits : Percy Ramirez/Oxfam.

Ce dossier rassemble dix articles qui cherchent à apporter un éclairage global sur l’évolution de l’extraction minière et ses impacts sociaux et environnementaux en Amérique latine, et plus particulièrement au Pérou, lors des vingt dernières années.

Les articles ont été rédigés par des membres de l’équipe de CooperAcción, une organisation non gouvernementale péruvienne que travaille depuis vingt ans dans des zones de grande activité extractive (minière, hydrocarbures, etc.), avec une approche basée sur la défense des droits humains via l’accompagnement des populations affectées. CooperAcción travaille dans les zones des hauts plateaux andins où sont développés des projets d’extraction minière, ainsi qu’en Amazonie où sont implantées des activités d’exploitation d’hydrocarbures et d’extraction aurifère informelle et illégale.

Comme cela est mentionné dans un des articles du dossier, ce qui s’est déroulé ces 25 dernières années en ce qui concerne l’extraction de biens naturels et l’atteinte aux droits n’est pas rien. L’expansion de la frontière extractive minière, pétrolière, gazière, parmi d’autres types d’extraction, a été une tendance générale où l’Amérique latine a occupé et continue a occuper une bonne place puisqu’en vingt ans, elle est devenue la principale destination des flux d’investissements miniers au niveau mondial.

Ce dossier aborde des sujets clés liés à l’expansion minière comme les tendances des flux d’investissements ; le développement territorial ; les impacts environnementaux et les conflits sociaux associés qui se multiplient ; le droit à la consultation préalable pour les communautés autochtones concernées par ces activités ; le lien entre les secteurs extractifs et le changement climatique ; les processus de dialogue et les initiatives que les communautés mettent elles-mêmes en place face au modèle extractif exacerbé imposé sur leurs territoires. Aussi, le dossier aborde l’importante réflexion sur les transitions et la nécessité de définir des scénarios post-extrativistes, un processus d"jà initié dans la région.

En plus de la description des évolutions de ces dernières années, ce dossier cherche à rendre visible l’ensemble de ces thématiques, tout en valorisant les stratégies qui ont permis que les populations impactées fassent valoir leurs droits, leurs façons de s’organiser, les capacités qu’elles développent, les alliances qu’elles établissent ou encore les campagnes qu’elles mettent en place.

A travers cette analyse rétrospective, les risques auxquels des populations entières ont fait et font encore face sont clairs, notamment les communautés paysannes et les communautés autochtones, tout comme les impacts sur différents écosystèmes. Il faut en effet noter que 20% de l’Amazonie sudaméricaine a déjà été perdue en raison de différentes activités extractives, et que 20% supplémentaires se trouvent fortement dégradés.

Les menaces envers les populations sont toujours d’actualité et ne font que s’accentuer : des déplacements de leurs terres jusqu’à la mise en danger de leurs activités économiques traditionnelles, en passant par de graves impacts sur leur santé et conditions de vie comme conséquence de la pollution des sols, de l’air et de l’eau.
Il faut également mentionner que durant les deux dernières années, en Amérique latine, 300 environnementalistes ont été assassinés dans le cadre de conflits éco-territoriaux ou liés à des grands projets d’infrastructures comme des barrages. Le récent assassinat de Berta Cáceres, leader autochtone et militante écologiste du Honduras et de toute l’Amérique latine, est un exemple des graves menaces qui pèsent sur les populations.

Sans aucun doute, l’avancée extractiviste dans les territoire continuera à provoquer la rupture abrupte des équilibres pré-existants (économiques, sociaux, culturels et environnementaux), ce qui aggravera l’actuelle tendance d’augmentation des conflits sociaux. Il s’agit d’une tendance mondiale qui oblige à continuer à observer attentivement ce qui se passent dans les territoires, plus encore lorsque les menaces persistent ou s’accentuent.

C’est pourquoi il est important de partager ces expériences et d’accompagner les différents processus qui voient le jour, de les rendre visibles en laissant une trace des avancées, tout en identifiant ce qu’il reste à faire. C’est dans cette démarche que s’inscrit ce dossier.