Femmes autochtones disparues et assassinées au Canada

Introduction

Une longue histoire d’oppression et de dépossession

, par CEDIDELP , GERGAUD Sophie

« Aucune relation n’est plus importante pour moi — et pour le Canada — que celle que nous entretenons avec les Premières Nations, la nation métisse [1] et les Inuits ». C’est ce qu’avait déclaré Justin Trudeau, Premier ministre canadien nouvellement élu, devant l’Assemblée des Premières Nations en décembre 2015. Depuis, il semble décidé à tenir ses engagements puisque les mesures, annoncées par son gouvernement en début d’année, révolutionnent quelque peu l’histoire mouvementée des relations fédérales avec les peuples autochtones [2].

Justice for missing and murdered women

Déplorant le génocide culturel qui les a frappés, le gouvernement Trudeau prévoit en effet d’investir la somme de 8,4 milliards de dollars sur cinq ans et c’est un vaste chantier de construction et de rénovations qui doit se mettre en place dans toutes les réserves du pays, dans l’espoir d’y améliorer des conditions de vie incroyablement misérables. Des écoles aux garderies préscolaires, des cliniques aux refuges pour sans-abris, des logements aux infrastructures de traitement des eaux, tout y passe. Sans oublier la douloureuse question des violences faites aux femmes : 40 millions de dollars sur deux ans ont été budgétés pour lancer l’enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées, ce à quoi s’était engagé Justin Trudeau pendant sa campagne électorale.

Alors que le lancement de la commission d’enquête a été officiellement annoncé le 8 décembre 2015, la ministre des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, est actuellement en tournée dans tout le pays pour rencontrer les familles, les survivantes et les représentants autochtones. Elle souhaite connaître leurs attentes afin de pouvoir ainsi définir précisément le mandat de l’enquête nationale. Et on imagine à quel point ces attentes sont particulièrement fortes du côté de celles et ceux qui se battent depuis plusieurs décennies pour que ce véritable féminicide soit reconnu et que des mesures efficaces soient enfin prises.

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Notes

[1Le peuple métis est l’un des trois peuples autochtones du Canada. Il est issu de l’union ancienne de femmes principalement cree, ojibwé et saulteaux avec des Canadiens français et anglais. Les Métis parlent traditionnellement le métchif.

[2En 2011, on dénombrait 1,8 million d’autochtones dont 53% d’Indiens (Premières Nations), 30% de Métis et 4% d’Inuit. 11% des Indiens étaient non-inscrits (non reconnus fédéralement) et plus de la moitié vivait en milieu urbain.