Renforcement des capacités des Groupes de Défenseuses de l’Environnement pour l’accès et la gouvernance des ressources naturelles

Sommaire du dossier

Introduction

, par Fundación Plurales

Le dossier, dont les 10 articles ont été rédigés par des membres de l’équipe de Fundacion Plurales, a été réalisé en espagnol et est à lire ici

Ce dossier se propose de faire connaître et partager l’expérience et les apprentissages de la Fundacion Plurales et des Groupes de Femmes Défenseuses de l’Environnement (GPA, de son sigle en espagnol) de la région du Chaco Américain, en lien avec la gouvernance des ressources naturelles, principalement de l’accès à l’eau et à la terre, depuis une perspective d’équité de genre.

Depuis 2014, à partir d’une alliance entre el « Fondo de Mujeres del Sur » (Fond Femmes du Sud)  [1], CCIMCAT  [2] et Fundación Plurales, et avec le soutien de l’Union Européenne, un travail s’est mis en place pour le renforcement des GPA du Chaco Américain au Paraguay, en Bolivie et en Argentine. Ce renforcement passe par un soutien financier et technique, pour le développement des capacités et des outils d’impact et d’influence sur les politiques publiques, la formation en termes d’accès aux droits et l’appropriation des technologies d’accès à l’eau.

Actuellement, ce processus se poursuit dans le cadre de l’Alliance GAGGA (Global Alliance for Green and Gender Action), qui se centre sur les efforts liés à la thématique de l’accès à l’eau et les plaidoyers pour les Droits Humains.

Femmes Défenseuses de l’Environnement. Argentine -2018. Photo : Nicolás F. Avellaneda - Fundación Plurales

Contexte et Justification :

La région du Chaco Américain rassemble la plus grande région boisée d’Amérique du sud après l’Amazonie, avec environ de 1066 km² d’extraordinaire biodiversité. Ce territoire recouvre une partie de l’Argentine (62,19%), du Paraguay (25,43%), de la Bolivia (11, 61%) et du Brasil (0,77%). Ses grandes réserves d’eau, d’énergie et ses grandes étendues territoriales font l’objet de conflits entre les intérêts du modèle économique extractif et la lutte des peuples autochtones pour leur préservation et la reproduction de la vie.

Le modèle actuel de développement, tel qu’il s’applique dans ces trois pays, privilégie les industries extractives, l’expansion agricole et le développement de l’activité minière, sans prendre en compte ses effets négatifs sur les biens naturels et les territoires habités par les communautés paysannes et autochtones. Ce modèle économique implique une série de difficultés dans la vie et la capacité de production de ces communautés, intensifiant les difficultés d’accès aux biens communs comme le sont l’eau et la terre. L’exploitation forestière indiscriminée, le manque et/ou la pollution de l’eau, les expulsions des terres qu’elles occupent depuis toujours, sont quelques exemples des principales problématiques auxquelles ces communautés doivent faire face au quotidien.

Les femmes, qui représentent 50 % de la population totale, occupent une position subalterne dans la culture fondamentalement patriarcale et se confrontent à des difficultés encore plus grandes pour s’organiser et participer à la vie publique.

Conscientes des obstacles auxquelles elles doivent faire face pour accéder à leur droit, et par conséquent pour assurer leur survie, les défenseuses de l’environnement réaffirment leur engagement en faveur de la consolidation d’alliances qui permettraient leur autonomisation et émancipation, en articulant leurs propres savoirs, identités, intérêts et nécessités.

Pour toutes ces raisons, nous considérons qu’il est fondamental de travailler avec des femmes, et plus précisément autour du renforcement des Groupes de Défenseuses de l’Environnement, en tant que stratégie d’impact dans la région.

En même temps, nous considérons que, pour amplifier les actions en cours, il est crucial de pouvoir systématiser, capitaliser et partager les apprentissages et défis des GPA dans leurs stratégies pour peser dans les politiques publiques en relation aux ressources environnementales, aux alliances et aux réseaux en construction, ainsi que les luttes et actions pour contribuer à assurer l’accès aux droits des femmes sur les ressources naturelles, comme l’eau et la terre.

Communauté autochtone Yakye - Axa. Paraguay -2018. Photo : Avellaneda Nicolás - Fundación Plurales

Pour cela, la rédaction de ce dossier, en tant qu’instrument d’analyse et de capitalisation des actions en cours, nous permet de partager ces enseignements dans le but de générer des communautés d’apprentissage. Les fiches qui composent ce dossier sont :

1- Femmes rurales et le Grand Chaco Américain
Cet article est une introduction au contexte général des femmes rurales de l’éco-région du Grand Chaco Américain. Il cherche à rendre compte de l’importance d’aborder l’analyse en termes régional et est centré sur les principaux problèmes que rencontrent les femmes en termes de ressources naturelles, principalement d’accès à l’eau et à la terre.

2- Programme Femmes Défenseuses de l’Environnement dans le Chaco Américain
Cet article cherche à rendre compte de l’émergence des organisations de défenseuses environnementales dans la région, ainsi qu’à décrire leurs liens, opportunités et défis dans le contexte actuel, revendiquant l’importance de leurs luttes dans des régions comme celle du Chaco.

3- Déclaration des Droits Paysans. Un nouvel outil pour renforcer les droits des communautés rurales.
En septembre 2018, le Conseil des Droits Humains des Nations Unies a adopté la Déclaration des Droits Paysans, résultat d’un grand travail de plaidoyer impulsé par la société civile. Cet article tente de mettre en valeur ce type de travail de plaidoyer dans les plus hautes sphères, et de souligner les horizons de possibilités qu’ouvre la Déclaration en termes d’exigibilité des droits au niveau local pour les paysan·nes.

4- Accès à l’Eau et stratégies d’adaptation au changement climatique. Auto-construction de systèmes de récolte d’eau à Santiago de Estero (Argentine).
Cet article décrit l’une des expériences de construction communautaire de systèmes de récolte d’eau de pluie en tant que stratégie d’accès à l’eau et d’adaptation au changement climatique, réalisée à Santiago del Estero (Argentine).

5- Accès à la terre, stratégies de résistance de territoires autochtones : le cas de la communauté Sauce (Paraguay)
Cet article présente la lutte pour l’accès à la terre que porte la communauté guarani Sauce, la dernière représentante des Áva Guaraní, qui fut expulsée de ses terres ancestrales par le barrage de Itaipu en 1974 ; et comment cette réalité a poussé les femmes de cette communauté à s’organiser et lutter pour la restitution de leurs terres ancestrales.

6- Les instances de plaidoyer des Femmes Rurales : présentation des Rapports alternatifs dans des organismes internationaux comme la CEDAW et le PIDESC (Argentine)
Les recommandations que formulent les Nations Unies, sur la base de la présentation des rapports alternatifs, ont montré leur efficacité à éclairer les exigences de la société civile auprès des organismes de l’État, et à peser en faveur de la garantie effective des droits ; ainsi qu’à renforcer les femmes rurales dans la perception qu’elles ont du soutien et de la reconnaissance du Système des Nations Unies à leurs revendications.

7- Stratégies de plaidoyer dans les Agendas internationaux. Objectifs de Développement Durable et Agenda 2030.
Il s’agit ici de présenter les Objectifs de Développement Durable (ODD) et l’Agenda 2030, le cadre dans lequel ils surgissent et les instances de participation auxquelles peuvent accéder les organisations sociales pour peser sur l’agenda international. En ce sens, l’article présente une description de l’Initiative Multipays pour la Terre et les ODD impulsée par plus de 20 organisations sociales de 7 pays d’Amérique latine, membres de la Coalition Internationale pour l’Accès à la Terre, en tant que stratégie coordonnée de sensibilisation.

8- “Route d’apprentissage : Femmes et accès aux Ressources Naturelles, Eau et Terre ». Conclusion des Défenseuses de l’Environnement argentines, boliviennes et paraguayennes (Santiado del Estero, Argentine).
La Route d’Apprentissage est une méthodologie de formation qui fait appel au vécu, qui prend en compte les espaces d’échange de connaissances, de pratiques et de réflexions autour de sujets d’intérêt des participantes. Dans le cas présent, sont présentées les conclusions de la « Route d’Apprentissage Femmes et accès aux ressources naturelles, eau et terre. Conclusions des Défenseuses de l’Environnement argentines, boliviennes et paraguayennes » réalisée à Santiago del Estero en octobre 2018.

9- Contentieux stratégique auprès d’organismes internationaux : le cas de la communauté Yakye Axa (Paraguay.)
Cet article analyse le cas de la communauté de Yakye Axa au Paraguay, qui a présenté et gagné un procès contre l’État paraguyen auprès de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme, l’obligeant à lui rendre ses terres ancestrales.

10- L’extractivisme en Bolivie. Le cas de la communauté de Tariquia.
Bien que la Bolivie se reconnaisse comme un pays plurinational, indigéniste et promoteur du Buen Vivir -avec une conception progressiste qui inclut toutes les ethnies qui habitent sur le territoire national- ; dans les faits, les politiques impulsées par le gouvernement vont dans le sens contraire de ce qui est proclamé, avec des conséquences qui mettent en péril le patrimoine naturel et culturel du pays. Nous aborderons le cas emblématique de la communauté de Tariquia et la lutte des Femmes Défenseuses de l’Environnement.

11- Changement Climatique et défis pour les communautés rurales au Paraguay : le cas de l’Organisation des Femmes Mismo Indigena (OMMI).
En ces temps difficiles et face à l’immense défi que représente le changement climatique dans la région du Chaco, cet article souligne des stratégies concrètes et des actions que mettent en œuvre les femmes de la communauté OMMI (Organisation de Femmes Mismo Indigena), qui peuvent servir d’inspiration pour d’autres organisations de femmes de la région.

12- Luttes pour la Terre et le territoire : le cas des Femmes Défenseuses de Morillo (Salta - Argentina).
Morillo se situe dans l’un des départements les plus pauvres de l’Argentine et présente un taux extrêmement élevé de criminalisation de femmes qui dirigent les luttes en lien avec des conflits pour l’accès à la terre et aux ressources naturelles face à l’État et à des organismes privés. C’est le cas de Lucia Ruiz, qui a été poursuivie en justice plusieurs fois pour avoir empêché la circulation de bulldozers, et a même perdu des camarades qui défendaient avec elle leur territoire et leurs biens naturels. Partager ces luttes est aujourd’hui nécessaire, non seulement pour dénoncer la situation en tant que telle, mais surtout pour montrer l’actualité brûlante de ces mouvements de résistance.

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