Idées reçues sur le climat

, par Agenda de la Solidarité Internationale

« On a toujours sacrifié l’essentiel à l’urgence, alors que l’urgence est l’essentiel. » Edgar Morin, sociologue et philosophe français.

Idée 1 : « Les études du GIEC sont trop alarmistes » 

Les climatosceptiques refusent d’admettre la responsabilité des activités humaines dans le réchauffement global de la planète. Ils croient en la capacité technologique, conjuguée au libre marché, pour offrir les moyens techniques d’aller au delà des limites existantes. Aussi, un de leurs principaux arguments consiste à dénigrer le GIEC, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, mis en place par l’ONU, et ses rapports annuels. Celui de 2013 précise que, loin de diminuer, les émissions ont augmenté de 2,2 % par an entre 2000 et 2010, contre une moyenne de 0,4 % au cours des trois décennies précédentes. Il préconise donc d’accroître urgemment les objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre que se sont fixés les pays de l’Union européenne (réduction de 80 % des émissions en 2050), pour ne pas dépasser le stade critique de 2 °C de réchauffement d’ici la fin du siècle. Le GIEC insiste également sur la nécessité urgente de développer des politiques d’efficacité et de sobriété énergétiques pour réduire de moitié la consommation d’énergie finale d’ici 2050.
Ces prévisions sont-elles trop alarmistes ? Non. Car ces chiffres sont le fruit de recherches très pointues qui s’appuient sur les travaux de plus de 600 scientifiques. Les rapports du GIEC sont par ailleurs bien perçus (quand bien même ils dérangent !) par les décideurs internationaux à qui ils font des préconisations.
De fait, les conséquences du changement climatique sont déjà à l’œuvre dans de nombreux pays : la fonte des glaciers menace l’agriculture en Amérique latine, les sécheresses en Afrique de l’Est renforcent la crise et la pauvreté, la montée des eaux dans certaines régions d’Asie engloutit les terres cultivables et provoque des déplacements de populations...
Malgré la sonnette d’alarme tirée par les experts du GIEC depuis de nombreuses années, l’intérêt particulier d’industries puissantes continue de faire échouer les négociations de l’ONU sur le climat et de nombreux pays retardent les mesures urgentes à prendre.
La conférence de l’ONU sur le climat (COP21) aura lieu à Paris en décembre 2015 : une occasion pour la société civile française de se mobiliser et de scander dès maintenant : « Assez de discours, des actes ! ».

Pendant le sommet climatique de Durban, Afrique du Sud, 2011. © Ainhoa Goma/Oxfam

Idée 2 : « Les politiques de transition énergétique sont contreproductives : elles vont gaspiller de l’argent, freiner la croissance et détruire des emplois »

D’après un sondage IFOP de janvier 2014, 90 % des Français sont favorables au développement des énergies renouvelables. Pourtant, certains climatosceptiques pointent du doigt les politiques de transition énergétique. Celles-ci sont d’abord accusées d’être très onéreuses : en effet, le coût des investissements nécessaires d’ici à 2050 pour limiter le réchauffement à une échelle mondiale est évalué à 32 000 milliards d’euros, et ce coût augmente à mesure que le temps passe. Mais d’un autre côté, la transition énergétique va permettre de réaliser des économies considérables : l’Agence internationale à l’énergie (AIE) postule que les coûts engagés seront bien plus que compensés sur le long terme par les économies réalisées en combustibles fossiles.
L’autre grief concerne l’emploi : la transition énergétique est accusée de détruire plus d’emplois qu’elle n’en crée. Or, des études affirment le contraire : l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et le Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED) ont développé des scénarios qui montrent que le développement des énergies renouvelables va doper la croissance et l’emploi.
Le CIRED-CNRS évalue à 632 000 le nombre d’emplois créés à l’horizon 2030 en mettant en place le scénario négaWatt (scénario qui aboutit à une division par deux des émissions de CO2 d’origine énergétique en France en 2030 et à une division par 16 en 2050). Et l’OFCE prédit 745 000 emplois créés en 2050.
Enfin, le scénario négaWatt coûterait moins cher que la poursuite de la logique actuelle, grâce à la sobriété énergétique. Ces économies permettraient d’investir dans d’autres activités créatrices d’emplois.

Que peut-on faire ?

- S’informer sur la transition énergétique en lisant le scénario négaWatt
www.negawatt.org

 Prendre part aux mobilisations
qui auront lieu avant le Sommet climatique de Paris en décembre 2015
www.crid.asso.fr
www.france.attac.org

- S’informer sur les impacts de notre quotidien sur le réchauffement climatique et adopter des pistes d’action durables pour protéger le climat
www.rac-f.org

- Développer son argumentaire pour en finir avec les idées reçues sur les énergies renouvelables
www.rac-f.org/Energies-renouvelables-En-finir