(Hulot démissionne) Nous, nous nous mobilisons pour changer le système, pas le climat

Tribune

, par CIIP

Edito de la revue Inter-Peuples, CIIP Grenoble, octobre 2018.

Le Ministre d’État de la transition écologique, numéro 2 du gouvernement, Nicolas Hulot a démissionné. Cet acte peu fréquent, forcément très médiatisé, révèle au grand jour l’impasse dévastatrice, tant sociale, économique, écologique que politique dans laquelle nous enfonce un système néolibéral destructeur, ignorant avec morgue les multiples alertes des chercheurs et des collectifs citoyens sur la dégradation accélérée du climat, de la biodiversité, de l’environnement.
Extrait de la déclaration de Nicolas Hulot du 28 août : "La planète est en train de devenir une étuve, nos ressources naturelles s’épuisent, la biodiversité fond comme la neige au soleil (…) Est-ce que nous avons commencé à réduire l’utilisation de pesticides ? Non. Est-ce que nous avons commencé à enrayer l’érosion de la biodiversité ? Non. Est-ce que nous avons commencé à nous mettre en situation d’arrêter l’artificialisation des sols ? Non. Depuis un an nous ne sommes pas parvenus à réduire l’utilisation des pesticides, à empêcher notre pays de basculer dans la tragédie climatique, à obtenir la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim (...) On s’évertue à entretenir, voire à réanimer, un modèle économique marchand qui est la cause de tous ces désordres…". Et de dénoncer enfin "cette folie nucléaire inutile et dangereuse dans laquelle on s’entête".

Cet événement peut convaincre ceux qui espéraient encore dans le pouvoir macronien qu’il ne faut rien en attendre de positif pour la société. Sa priorité est d’accroître sans cesse les profit des plus riches, en totale contradiction avec la prise en compte de l’urgence écologique ou la résorption des énormes inégalités. La démission de Nicolas Hulot, loin de désarmer notre engagement écologique doit nous inciter à faire monter d’un cran la cohérence de nos combats sociaux, démocratiques et environnementaux dans la perspective d’un nouveau projet de société respectueux de la nature et des Humains.

Les actions concrètes des citoyen.ne.s organisé.es sont en effet des forces extraordinaires pour changer ce monde. Pour gagner comme à Notre Dame des Landes et résister face aux grands projets inutiles et coûteux, contre la folie nucléaire et ses conséquences comme à Bure, pour la fermeture des centrales obsolètes et le développement d’autres énergies… De multiples initiatives foisonnent : de l’agriculture paysanne bio et de proximité jusqu’à la défense des services publics pour répondre aux besoins de tous et toutes, notamment dans les hôpitaux. Ces expériences porteuses d’avenir tentent de converger, de se mettre en débat, avec Alternatiba ou lors de puissants forums comme celui de l’université rebelle et solidaire d’ATTAC et du CRID à Grenoble. Plus une seule université d’été des mouvements politiques de gauche qui ne mettent au cœur de ses débats les perspectives d’avenir des actions citoyennes pour la prise en compte urgente du réchauffement climatique et de la fin possible de cette planète. Tandis que les pouvoirs économiques et politiques en place menacent notre avenir commun, toutes ces mobilisations le construisent.

Le temps est compté. Cette année, conséquence des choix de ce pouvoir et de ce système cupides et prédateurs, nous avons, dans notre pays, "brûlé" 3 planètes et demi… C’est dire le défi auquel nous sommes confrontés, et notre responsabilité vis-à-vis des nouvelles générations...

Edito de la revue Inter-Peuples, CIIP Grenoble, octobre 2018