États généraux de la presse indépendante : 59 propositions

Plus de cent médias et organisations, réunis dans les "États généraux de la presse indépendante", formulent 59 propositions de réforme de notre système d’information. Elles ont été détaillées et débattues lors de la grande réunion publique du 30 novembre à laquelle ritimo a participé.

Les États généraux de la presse indépendante vous soumettent 59 propositions de réforme de la presse et de notre système d’information. Cette initiative, proposée début octobre par le Fonds pour une presse libre, est une réponse aux États généraux présidentiels de l’information officiellement lancés le 3 octobre par l’Elysée.

Cette démarche officielle nous a inquiétés à plusieurs titres. La méthode politique choisie n’est pas la bonne : nommer une commission dans des conditions obscures, selon des critères inconnus et dans le secret du pouvoir élyséen ne confère aucune légitimité. Formuler un ordre du jour vague parce que terriblement vaste, alors que les urgences s’accumulent depuis des années… Fixer un calendrier interminable puisque cette initiative présidentielle est censée déboucher sur un rapport (un de plus ?) à l’horizon du mois de juin… Enfin, le pouvoir suprême prétendant réformer « le contre-pouvoir », cela fait sourire, ou protester.

Cent médias indépendants et organisations, syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT), collectifs de journalistes (Informer n’est pas un délit, Profession pigiste, etc.), associations de défense des droits (Sherpa, Maison des lanceurs d’alerte, etc.), associations de défense de la liberté d’informer (Un Bout des Médias, Fonds pour une presse libre, Acrimed, etc.) ont donc décidé de se réunir. Pour construire d’autres États généraux, ceux d’une presse indépendante au service des citoyennes et citoyens.

C’est une initiative rare, exceptionnelle même, tant il ne s’agissait pas pour ces 100 participants de mettre seulement leur signature sous un texte, mais de tenter de construire ensemble, malgré leur diversité et leurs désaccords légitimes, une plateforme commune de réformes urgentes et indispensables. Pas pour nous, journalistes. Mais pour l’ensemble de nos publics, pour défendre et renforcer cette liberté fondamentale qui est le droit de savoir de chacune et chacun toute information qui relève de l’intérêt public.

Ces 59 propositions ne rencontrent pas toutes l’accord général des 100 médias et organisations qui participent à ces États généraux de la presse indépendante. L’inverse serait suspect. Cela est détaillé dans chacun des quatre chapitres du livret. Mais toutes méritent d’être présentées et discutées, ouvrant les chemins possibles de réformes urgentes et nécessaires.

Face à l’inaction inquiétante des pouvoirs publics depuis bientôt dix ans, nous adressons d’abord ces propositions aux citoyennes et citoyens. Le statu quo est délétère. La société doit s’emparer de ce débat sur l’information tant sont en jeu la qualité de notre débat public et la vitalité de notre démocratie.

Les propositions seront également adressées au pouvoir exécutif, aux parlementaires et à leurs commissions spécialisées, aux différents syndicats professionnels des médias, aux sociétés de journalistes ainsi qu’aux équipes des États généraux présidentiels de l’information. En leur demandant de s’en saisir. Et d’agir enfin.

Que disons-nous avec ces propositions ? D’abord l’urgence de réformes ambitieuses de notre système d’information dont la dégradation ne cesse de s’accélérer. Ensuite, la nécessité de stopper les offensives multiples lancées par les puissances politiques et économiques contre un journalisme indépendant, d’intérêt public et au service des citoyennes et citoyens. Enfin, l’obligation commune de reconstruire une relation de confiance avec l’ensemble de nos publics. Une confiance aujourd’hui presque détruite par les liens de dépendance qui pèsent sur de trop nombreux médias.

Pendant que les haines et les discours d’exclusion prolifèrent dans certains médias de masse, la défense d’une presse indépendante au service de toutes et tous est une condition de la vitalité démocratique de notre pays. Il revient aux parlementaires et au pouvoir exécutif de se saisir de cette question. La liberté de la presse a été un combat incessant depuis plus de deux siècles parce qu’intimement liée aux droits des individus (accéder à une information fiable pour comprendre, débattre et choisir) et à notre droit collectif, la construction de notre espace démocratique.

Il faut aujourd’hui sécuriser mais aussi refonder et élargir cette liberté. C’est le principal message de ces États généraux de la presse indépendante. Aidez-nous à le faire connaître en transmettant ce livret numérique à vos contacts, à vos proches et amis.

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