Au Salvador, les femmes conduisent la lutte contre les projets extractivistes

Une initiative sur les luttes des femmes

, par Agenda de la Solidarité Internationale

Photo Jeanne Menjoulet cc by

Sept ans… C’est la durée qu’il aura fallu aux communautés salvadoriennes pour faire expulser de leur territoire l’entreprise australo-canadienne Oceana Gold (via sa filiale Pac Rim) et son projet d’extraction d’or, El Dorado. Ce projet faisait courir un énorme risque de contamination au fleuve Lempa, source d’approvisionnement en eau de 77,5 % de la population salvadorienne, dans un pays où les eaux potables sont très polluées par ailleurs. Le Salvador refuse donc la concession minière mais la multinationale est tenace : elle engage en 2009 une procédure d’arbitrage international, sous l’égide de la Banque mondiale.

A partir de cette date, ce sont essentiellement les femmes des zones rurales et urbaines qui éduquent les communautés et organisent des blocages de rues et des manifestations pour défendre leur territoire et leurs droits. Et finalement, les arguments des femmes et des organisations sont entendus. La multinationale perd son procès et le gouvernement du Salvador décide, avec l’appui général de sa population, de ne plus délivrer de permis au secteur minier. C’est le premier pays à interdire l’exploitation minière des métaux sur tout son territoire et c’est, à ce titre, une grande victoire à l’échelle mondiale.

Mais selon Amaya, l’une des actrices de cette victoire historique, la vigilance reste de mise tant que les 8 millions de dollars de compensation dus par Oceana Gold ne sont pas effectivement versés et attribués aux écosystèmes et aux communautés victimes des entreprises minières. La lutte contre l’exploitation minière devra aussi passer par l’organisation et la coordination des communautés, dans la perspective d’un changement de gouvernement et par l’approbation de textes juridiques à même de protéger les ressources naturelles et les écosystèmes.