Réhabiliter une lecture Nord-Sud du monde

Maintes fois déclarée caduque par les diplomates occidentaux, la grille de lecture Nord-Sud n’a pas perdu sa pertinence dans les milieux politique et universitaire au Sud. La croissance d’une poignée d’émergents et l’existence de risques globaux n’ont pas gommé les asymétries héritées des colonisations. Et les déphasages socio-historiques entre Nord et Sud alimentent des lectures divergentes des causes et réponses aux grands déséquilibres mondiaux.

Dans un monde menacé par des risques systémiques de tous ordres, où la croissance accélérée des pays émergents et la stagnation des nations occidentales redistribuent les cartes de l’économie globale, le raisonnement en termes de relations Nord-Sud fait l’objet d’un nouveau procès en obsolescence. A l’heure où les Indiens ouvrent et ferment les aciéries aux quatre coins de l’Europe, où « les Chinois rachètent la France [1] », imités par les Qataris, ou l’inverse, cette vision d’un ordre mondial structuré entre un Nord riche et dominateur et un Sud pauvre et dominé aurait perdu sa validité. Plus grave, l’urgence des défis planétaires exige de reconnaître les interdépendances à tous les niveaux – les politiques économiques, énergétiques ou sanitaires adoptées en un point du globe ont plus que jamais des retombées sur les autres pays. Raisonner en termes de Nord-Sud serait dès lors contre-productif, car générateur de dissensus, là où il importe de renforcer la coopération entre peuples et gouvernements du Nord et du Sud pour maîtriser un vivre ensemble mondial fragilisé (...)

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