Mali : Aux côtés des populations

Par Paul Martial

, par Pambazuka

Le coup d’État du capitaine Sanogo, qui a destitué le président malien, Amadou Toumani Touré (ATT), a mis en lumière le profond malaise que vit le Mali et qui s’inscrit dans la crise plus générale que connaît l’Afrique de l’Ouest, comme en témoignent les mutineries et les importantes mobilisations sociales au Burkina Faso, les grèves générales au Nigeria, les manifestations contre Wade au Sénégal, etc.

LA SITUATION AU NORD MALI

La faiblesse de l’État dans la région du Nord Mali est notoire, puisqu’elle est devenue au fil du temps une base de repli pour les organisations islamistes radicales plus ou moins liées à AQMI et une plaque tournante des trafics en tous genres y compris celui de la drogue. En effet, on se souvient, en novembre 2009, de l’affaire du Boeing, provenant d’Amérique Latine avec plus de 10 millions de tonnes de cocaïne, qui s’est posé et ensuite a été abandonné à Taskint.

Indéniablement, le Mali s’est révélé le maillon faible dans la crise sahélienne qui a considérablement empiré depuis la chute de Kadhafi. Les conséquences dans la région sont nombreuses, la première est l’afflux important de réfugiés subsahariens qui ont fui les nombreuses exactions racistes en Libye. La plupart étaient des travailleurs immigrés qui subvenaient aux besoins de leurs familles restées au pays. Aujourd’hui, cette manne financière est supprimée et des pays comme le Niger, le Mali, le Tchad ou le Burkina Faso doivent faire face à cet afflux de travailleurs, rendant encore plus précaires des économies déjà chancelantes.

La seconde est la diffusion massive des armes dans la région. En effet, la Libye possédait en grand nombre des stocks d’armes allant des fusils d’assaut aux missiles très sophistiqués tel que des SAM7 en passant par des roquettes. Nombre de ces stocks ont été pillés fournissant ainsi les combattants [1]. Cette situation explique la puissance militaire du MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad), résultat du regroupement de plusieurs organisations touarègues, qui possède un armement supérieur à l’armée malienne et compte des combattants aguerris qui connaissent parfaitement le terrain.

Même si la presse internationale s’en fait peu écho, la troisième conséquence est la crise alimentaire qui s’annonce et risque de déboucher très rapidement sur des situations de famine dans certaines régions. Les organisations humanitaires estiment que, dans la région sahélienne, neuf millions de personnes dont trois millions de Maliens sont victimes de l’insécurité alimentaire due aux mauvaises récoltes de 2011 et à la hausse des prix alimentaires qui est du niveau de 2008, date des émeutes de la faim [2]. Rappelons que le Sahel reste l’endroit où la mortalité infantile est la plus élevée du monde.

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