Le village Kali’na Atopo W+P+, en Guyane, en quête d’autonomie

Une initiative des peuples autochtones

, par Agenda de la Solidarité Internationale

Chaque mois, à travers une thématique, l’agenda de la solidarité internationale propose de revenir sur deux initiatives portées par des associations, citoyen·nes, ONG, etc. pour comprendre les grandes problématiques internationales, montrer le pouvoir des mobilisations et donner des envies d’engagement.
Nous vous offrons donc, tout au long de l’année, des extraits de notre agenda.
En août, la lumière est mise sur les peuples autochtones.

Victimes d’une administration qui les néglige et d’un Etat colonial qui tente de les assimiler, dans un modèle de pensée unique, les 200 habitant·es du village autochtone de Prospérité dit en Kali’na Atopo W+P+ (« village montagne »), en Guyane, sont confronté·es à de grandes problématiques : déforestation, projets miniers, agriculture extensive, dégradation des écosystèmes, atteinte à la dignité, disparition des langues et des cultures, etc. À force de subir un monde qui n’est pas le leur et grâce à des apprentissages, de longues discussions et des recherches de solutions, l’association du village a décidé de lui faire retrouver son autonomie. Ainsi est né en mars 2020 Le Projet de terrain associatif, un lieu autogéré.

Blason de l’association Atopo W+P+

Sur un terrain de 2 hectares se crée petit à petit un lieu de vie commun où sont plantés des arbres fruitiers et des légumes. C’est aussi un espace où il est possible de bricoler, de se former, d’apprendre à réparer des vêtements, de fabriquer des bijoux, de cuisiner, ou encore d’organiser des événements, etc. De par son échelle, le projet se veut systémique et permet d’agir sur plusieurs dimensions comme l’alimentation saine et locale, la réappropriation des savoirs et savoir-faire ou encore le tissage de liens entre les habitant·es et avec des acteurs de la région. La plupart des actions d’aménagement du terrain passent par des chantiers collectifs (« mayouri ») et reposent au maximum sur le système D. Les porteurs et porteuses de ce projet mettent régulièrement l’accent sur le fait qu’ils et elles souhaitent que l’action reste modeste, adaptée à la taille du village et respectueuse de leurs valeurs comme la propriété collective, la sobriété, le respect de la terre et des êtres humains.

Cette expérimentation a suscité beaucoup d’engouement dans d’autres villages autochtones. Des rencontres avec le chef coutumier et les villageois·es ont été organisées pour échanger sur l’essence du projet et sa concrétisation.