Si le tourisme social et le tourisme solidaire constituent bien deux segments « nobles » – mais au poids relatif minime – du marché touristique contemporain, leurs objectifs, leur trajectoire et leurs publics les distinguent du tout au tout. Le premier, en déclin, vise l’accès des pauvres au tourisme pas trop lointain. Le second, en hausse, vend aux riches l’illusion d’aider les pauvres du bout du monde.
De masse ou de niche, la déferlante du tourisme international – qui a doublé de volume en moins de vingt ans (1,4 milliard de séjours à l’étranger en 2018 pour 675 millions en 2000) – n’en reste pas moins, à l’échelle de l’humanité, l’apanage d’une minorité de privilégiés.
La hausse du nombre de logements à usage touristique oblige les Barcelonais·es à quitter le centre-ville vers la banlieue. La vie sociale disparaît de la vieille ville alors que le secteur financier profite du tourisme pour mener des opérations économiques majeures.
Avec la crise économique, les rues de la capitale grecque se parent de messages politiques. Au-delà du bouleversement de la scène de street art athénienne, c’est l’organisation même de certains quartiers qui changent au gré des modes, du tourisme et des articles dans la presse internationale.
Le tourisme comme vecteur de démocratisation, d’exotisme et de prospérité économique est en règle générale une illusion et un faux semblant. C’est la démonstration proposée par Bernard Duterme, sociologue et directeur du CETRI (Centre Tricontinental).