Économie circulaire

« L’économie circulaire est un système économique apte à réintroduire dans le cycle de la production et de la consommation tous les déchets, sous produits ou objets usés, qui redeviennent alors soit matières premières nouvelles, soit objets réutilisables. Ce système met en jeu une grande diversité d’acteurs industriels, techniciens, scientifiques, aménageurs, personnes des administrations publiques et privées, élus, etc., qui ont à voir de près ou de loin, à quelque échelle où l’on se place, avec la « gouvernance » des territoires [1] ».

Définition développée

Tout comme l’écologie industrielle (et territoriale), l’économie circulaire se base sur l’analyse de flux (inputs / outputs ou entrants / sortants), et selon l’idée que les activités humaines et industrielles peuvent être rassemblées et s’organiser de sorte que les déchets de l’un puissent constituer la matière première de l’autre, voire à terme et dans une vision idéale, que l’on ne produise plus aucun déchet. Les (éco)systèmes industriels, les activités humaines peuvent dés lors s’organiser sous forme de symbiose, dans un rapport gagnant gagnant empruntant à la métaphore de la fleur et de l’abeille.
Une telle démarche suppose que les industriels et les entrepreneurs en général, acceptent de communiquer entre eux à propos des déchets industriels qu’ils génèrent, ce qui implique en retour un certain degré de confiance (pour se prémunir de l’argument du « secret industriel ») et de connaissance mutuelle. C’est pourquoi l’acteur étatique peut jouer un rôle incitateur afin de mettre en place des schémas de création de richesse non linéaire mais en boucle.
Parmi les grands principes qui guident l’économie circulaire figurent la référence à l’économie de fonctionnalité et celui des 3R (réduire l’usage, recycler, réutiliser), le développement des parcs éco-industriels (où l’on favorisent l’intégration et la synergie entre les ensembles industriels ou les unités de production), et la promotion de techniques de production propres.
Il s’agit ainsi de parvenir à la production de produits pour lequel on anticiperait le recyclage et où les résidus et les ordures seraient valorisés, de manière à prélever (ou extraire) le moins de matières premières. « L’une des idées centrales de ce concept économique est le biomimétisme : imiter la nature qui ne produit aucun déchet, où tout est réutilisé. [...] L’écoconception est également un axe majeur de l’économie circulaire. « Un produit conçu pour être déconstruit n’a rien à voir avec un produit classique », a soutenu Ellen MacArthur. Les équipes de design seront donc amenées à revoir entièrement leurs standards de conception. En dernier point, ce modèle économique met en avant l’économie de fonctionnalité qui consiste à vendre un usage plutôt qu’un bien [2] ».
« L’économie circulaire met nécessairement en jeu une grande diversité d’acteurs : responsables d’entreprises, techniciens, scientifiques, aménageurs, personnes des administrations publiques et privées, élus, en un mot, tous ceux qui ont à voir de près ou de loin avec la gouvernance des territoires. […] si le XXe siècle fut encore celui de l’hygiène - la dernière loi sur l’hygiène a été votée en France après la Seconde Guerre mondiale - le siècle qui commence devrait être celui de l’écologie et des pouvoirs locaux, en raison des dégâts que la société de consommation inflige à la planète sous forme de déchets mortifères [3] ».
Toutefois, à l’image de la mobilité douce ou durable, il convient de remarquer que les démarches d’économie circulaire, se réclamant du développement durable, sont avant tout motivées par des raisons souvent plus économiques (réduction des coûts) qu’écologiques.

Exemples

Pour l’exemple de la symbiose industrielle de Kadunborg, voir l’exemple développé à ce sujet dans la fiche Écologie Industrielle et Territoriale.

Un autre exemple, se revendiquant directement de cette notion, est celui de la Chine, laquelle a traduit l’économie circulaire en 2008 dans son cadre législatif ; voir : Loi sur l’économie circulaire de la République Populaire de Chine datant du 29 août 2008.

« L’accroissement de la consommation de masse, conjugué à l’industrialisation à marche forcée et à la forte urbanisation de la Chine (19% de la population vivait en ville en 1979, 42% en 2006), engendrent une croissance inédite de la consommation de ressources. Cette croissance se heurte à la finitude de l’environnement, le risque étant de voir se multiplier les catastrophes environnementales et humaines irréversibles. 400 villes chinoises sur 662 sont confrontées à des pénuries d’eau, 70% des ordinateurs usagés des États-Unis atterrissent en Chine, la ville de Guiyang a été classée au premier rang mondial des pluies acides. Il en va de la sécurité de l’État, le défit écologique est immense. L’urgence a été de concevoir un mode de développement économique et industriel moins hostile à l’égard de l’environnement […]
La Chine ne peut ni arrêter sa croissance économique, ni poursuivre la voie empruntée par les pays développés à savoir polluer d’abord et traiter ensuite. Elle ne peut pas non plus choisir l’expansion coloniale ni le déplacement des pollutions vers l’étranger. Pour réaliser un décollage pacifique, elle a besoin de dissocier la croissance économique et ses retombées de la croissance des flux de matières et d’énergie [4] »

Dés lors, précise le site C.durable .info : « […] la Chine a déployé depuis 2002 un arsenal de mesures à plusieurs niveaux :
 14 projets pilotes de parcs éco-industriels et 6 d’éco-villes sont développés depuis 1999,
 les prix de l’eau, de l’électricité, du gaz naturel... ont été réajustés pour encourager l’utilisation de ressources renouvelables,
 un ensemble d’indicateurs macro-économiques ont été définis avec des valeurs cibles. A titre d’exemple, la consommation d’énergie par point de PIB doit diminuer de 18% à l’horizon 2010, la consommation d’eau par point de PIB doit être réduite à 120 m3 etc...
 des projets pilotes ont été engagés dans 7 branches industrielles concernant les industries d’artères afin de promouvoir 260 techniques responsables, encouragées par l’Etat
 un ensemble de lois ont été votées : loi sur la promotion de la production propre, loi sur l’analyse de l’impact environnemental, loi sur les énergies renouvelables, loi sur la promotion de l’économie circulaire...
 nombreuses incitations et aides pour éviter les contrôles administratifs directs qui seraient liés à une diffusion trop autoritaire de l’économie circulaire. Pour en savoir plus consulter le site du ministère de l’environnement chinois [5] ».

Et selon Jérôme, animateur du blog Ecopolis (http://ecopolis.over-blog.com/ malheureusement plus actualisé depuis 2008) : « L’économie circulaire en Chine rompt avec les a priori négatifs à l’égard du mode de développement de ce pays qui est souvent présenté comme irresponsable. Elle implique un challenge sans doute sans précédent dans l’histoire : concilier développement et utilisation des nouvelles technologies et pratiques en faveur de l’environnement [6] ».

Et René Passet de conclure : « Au « développement durable » des Occidentaux répond, selon Jean-Claude Lévy, « l’harmonisation des sociétés humaines et de la nature » de la sagesse chinoise ancestrale (Lao Tseu) [7] »

Historique de la définition et de sa diffusion

« L’enjeu de l’économie circulaire se déroule dans la longue durée de l’Histoire […]. Toute une histoire qui commence au XIXe siècle, lors de la révolution industrielle et de l’expansion urbaine, avec les politiques d’hygiène et l’œuvre de planification d’Haussmann, et se poursuit sans discontinuer jusqu’au XXIe siècle.
Si le XXe siècle est encore celui de l’hygiène (la dernière loi sur l’hygiène a été votée en France après la seconde guerre mondiale), le siècle qui commence depuis une dizaine d’années devrait être celui de l’écologie et des pouvoirs locaux, en raison des dégâts que la société de consommation inflige à la planète entière sous de forme de déchets mortifères. [8] ».

Le concept est né en Europe (voir aux Etats-Unis si l’on se réfère strictement à l’écologie industrielle), il est développé et transposé dans le cadre législatif en Chine depuis 2008 (cf. Loi sur l’économie circulaire de la République Populaire de Chine datant du 29 août 2008).

Utilisations et citations

Ellen MacArthur, recordman du tour du monde à la voile en solitaire en 2005 a fondé sa propre fondation depuis laquelle elle cherche à faire la promotion du développement durable, et notamment de l’économie circulaire « afin de faire comprendre aux entreprises qu’on peut utiliser sans épuiser les ressources naturelles, et former une génération entière à penser différemment [9] ».

L’économie circulaire est tantôt désignée par l’expression « From cradle to cradle » (littéralement = du berceau au berceau), économie bleue, biomimétisme ou encore écologie industrielle. Elle s’oppose au modèle de production traditionnel qui repose encore trop sur le fonctionnement du « Take, Make, Waste » = Exploiter (les ressources), fabriquer, générer des déchets.

« En se basant sur un cycle technique (polymérisation…) et biologique (biodigestion…), on peut atteindre un schéma circulaire » - Ellen Mac Arthur [10].