Dossier climat : Ressources en prévision de la COP 21 en 2015

Introduction

, par LA CASE

En 2015, année de mobilisation sur les questions liées au changement climatique en prévision de la COP 21 qui se déroulera à Paris en décembre, Ritimo propose un dossier propose une sélection de documents pour s’informer, des ressources pour agir et des outils de sensibilisation.

"Réchauffement climatique", "gaz à effet de serre", "hausse des températures", "crise écologique", "transition énergétique"... autant d’expressions entendues au quotidien, qui restent néanmoins souvent confuses et déconnectées de la réalité concrète pour une majorité de la population.

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Photo Marko Kivela

Pourtant, le 5ème rapport du GIEC, de mars 2014, établit un lien clair entre l’impact des activités humaines, notamment l’usage des énergies fossiles, et le dérèglement climatique. Depuis l’époque dite "pré-industrielle", la hausse globale de la température a atteint 0.85°. Les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de s’accélérer, ce qui pourrait nous mener à un scénario global de +4,8° d’ici à 2100. Alors que nous ne serons pas en capacité de nous adapter aux conséquences du changement climatique si le réchauffement n’est pas limité à +2°, à ce rythme et si rien n’est fait, ce seuil critique pourrait être atteint dès 2030.

Or, si l’enjeu est central pour l’avenir de la planète, il l’est aussi pour nos sociétés, car les impacts du changement climatique ne se limitent pas à un débat environnemental. Il s’agit tout autant d’une question de justice, c’est-à-dire d’égalité et d’accès aux droits pour tous, y compris pour les communautés socio-économiquement fragiles, premières victimes d’un environnement dégradé et privées de ressources pour y faire face.

Les limites des conférences internationales

Bien que l’accélération de la crise climatique et la nécessité d’agir immédiatement soient reconnues par la majorité de la communauté scientifique et des instances politiques internationales, le manque de résultats des gouvernements et de la plupart des responsables politiques et économiques est évident. Depuis leur création en 1992, les Conférences des Parties sur la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP) n’ont donné lieu qu’à des avancées minimes en termes de protection du climat. Malgré l’adoption récente de principes importants comme la responsabilité commune mais différenciée, qui reconnaît que la plus lourde responsabilité incombe aux pays du Nord au regard de leurs ressources financières et de leur rôle dans la dégradation environnementale, les objectifs de réduction de gaz à effet de serre, tout comme les instruments juridiques contraignants permettant de les atteindre, sont constamment revus à la baisse depuis 2012. Ces COP, qui devraient être l’espace de gouvernance au sein duquel se construit l’avenir des générations futures, montrent à chaque édition davantage leurs limites. Un blocage qui se traduit par l’incapacité à obtenir un engagement ambitieux fondé sur un compromis, au sein d’une communauté internationale où les rapports de force sont chaque fois plus complexes.

La vague pour le Climat
Bruxelles 2009. Photo : Alexandre Seron, CNCD

Outre le jeu géo-économique qui fait qu’aucun pays ne semble prêt à donner l’exemple seul, les capacités d’action sociale et environnementale des États sont soumises aux exigences, soit disant incontournables, des résultats économiques de court terme et des groupes de pression industriels qui représentent des intérêts contraires à la lutte contre le changement climatique. Par conséquent, se pose non seulement la question de la capacité d’action des Nations Unies et des gouvernements nationaux à intervenir à la hauteur des enjeux, mais aussi celle de la légitimité de leurs décisions. Le processus décisionnel n’assure en effet qu’une faible représentativité aux communautés les plus affectées, alors que les intérêts des grands groupes industriels et financiers sont très efficacement défendus au sein des négociations.

Les objectifs de développement durable en 2015

De ce point de vue, l’année 2015 peut marquer un tournant. Alors que la COP 21, qui aura lieu en décembre 2015 à Paris, devra façonner un accord prenant la suite du Protocole de Kyoto, les Objectifs de développement durable (ODD) seront mis en place cette même année pour mettre fin à la pauvreté à l’échelle du globe d’ici 2030. Des intentions sont annoncées, mais l’actuel modèle de développement productiviste, longtemps voué à satisfaire les besoins de croissance et de consommation d’une minorité majoritairement située au Nord, est désormais également celui des BRICS, et notamment de la Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre au monde. Un processus de développement insoutenable qui fait subir à la grande majorité de la population mondiale ses impacts climatiques, sociaux et environnementaux, augmentant ainsi une vulnérabilité à laquelle s’ajoutent les inégalités de revenus, d’accès aux ressources, aux services de base, et tout simplement à une vie décente.

Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), s’ils ont permis de concentrer l’action et d’obtenir des résultats sur certains domaines précis comme le sida, sont loin d’avoir amorcé un changement de paradigme. Les futurs 17 ODD pourraient jouer un rôle pour faire entrer le monde dans la transition vers des sociétés justes et durables. D’abord parce qu’ils ciblent explicitement la lutte contre le changement climatique, le développement des énergies renouvelables, la protection des ressources naturelles ainsi que la promotion de modèles de production économique et agricole soutenables. Ensuite, parce qu’ils seront universels et impliqueront par conséquent l’engagement de l’ensemble des pays, selon leurs réalités et ressources.

Les efforts nécessaires sont immenses, or les résistances au changement de paradigme perdurent du côté des États nationaux, de leurs espaces multilatéraux et des entités économiques qui les influencent. Il y a donc fort à craindre que les deux échéances Onusiennes de 2015 ne parviennent pas à dépasser les blocages géopolitiques, les dysfonctionnements institutionnels et le refus des pouvoirs économiques de s’engager, sans y être contraints, dans un processus de transformation.

Des mobilisations et des alternatives ouvrent la voie

Dès lors, quels peuvent être les leviers du changement ? Les mobilisations existantes démontrent que partout dans le monde et à toutes les échelles territoriales, l’envie et le besoin de construire des sociétés plus justes et respectueuses des limites de la planète mettent des hommes et des femmes en mouvement.

Des alternatives existent face aux fausses solutions fondées sur le postulat que la technologie, le marché et les mécanismes financiers ont naturellement tendance à protéger la planète des dérèglements climatiques. La financiarisation de la biodiversité, la marchandisation des "services écosystémiques", ou encore le nucléaire, présenté comme une énergie propre car non émettrice de gaz à effet de serre, ne font que déplacer le problème et renforcer un modèle polluant d’exploitation de ressources non renouvelables.

Dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie, de la gestion des déchets, des transports ou encore du bâtiment, des citoyen-ne-s à travers le monde inventent et mettent en place des initiatives qui contribuent à la réduction des gaz à effet de serre et à l’amélioration des conditions de vie. Comment amplifier ces alternatives innovantes, souvent locales, pour les développer à grande échelle et les inscrire dans le long terme ? Afin d’y parvenir, la question des alliances est centrale, car il est impossible de faire abstraction des apports nécessaires, pour les financements et la technologie notamment, des institutions internationales, des entreprises, et, bien entendu, des pouvoirs publics. Ainsi nombre de collectivités territoriales constituent d’ores et déjà des organes de pouvoir locaux qui expérimentent de nouveaux systèmes de production et de consommation et promeuvent des alternatives soutenables.

Incontestablement, la mobilisation massive et l’engagement constant des citoyens seront des éléments déterminants pour que ces alliances débouchent sur un rapport de force favorable à la transition vers des société justes et durables. Dans un contexte mondial où le paradigme est de plus en plus lié à l’équation bonheur = consommation, il est nécessaire de donner aux citoyen-ne-s des clés de compréhension et les preuves de l’efficacité des alternatives qui libéreront un imaginaire porteur d’une meilleure qualité de vie et fondé sur le bien vivre ensemble.