communiqué de presse
Paris, le 4 novembre
Non content d’avoir tout fait pour que soient adoptés d’une part, la « directive de la honte » en 18 juin dernier par le Parlement européen, et d’autre part, le pacte européen sur l’immigration et l’asile le 16 octobre, le gouvernement français, sur l’invitation du ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire a choisi Vichy pour la tenue de la 3ème conférence européenne sur l’intégration.
Le ministre a expliqué son choix par sa volonté « de mettre fin à 60 ans d’ostracisme », et parce qu’« il ne faut rien oublier de l’Histoire, sans pour autant faire supporter aux habitants de Vichy le poids du passé ».
Je doute que dans un contexte de stigmatisation de l’étranger et d’accentuation des mesures à l’encontre des migrants résidant ou voulant résider en Europe, il soit judicieux d’ouvrir la porte à de vieux démons en accueillant une conférence internationale sur un sujet aussi sensible que l’intégration des populations étrangères.
Je m’élève, avec les nombreuses organisations solidaires des migrants, contre les politiques xénophobes/discriminatoires et l’Europe forteresse qui impose des quotas et criminalise les sans-papiers au nom de la lutte contre le terrorisme ou du choc des civilisations ».
Tant que les questions des migrations seront basées sur des politiques violatrices des libertés privées et publiques, il est vain de penser que ce sommet permettra l’émergence de bonnes pratiques visant à rendre plus acceptable la politique européenne en matière d’immigration.
Rien ne peut rendre acceptable la chasse aux enfants, les séparations forcées, les familles déchirées, la traque des migrants dans la plupart des lieux publics au nom du résultat chiffré. Rien ne peut rendre acceptable les vies arrachées, rien ne rend acceptable les barbelés de Ceuta et Mellila, les centres de rétention, les jeunes errants autour de Calais. Rien.
Je refuse, ainsi que de nombreux hommes et femmes, qu’en France se rejouent l’exclusion et la dénonciation. Le choix de Vichy, en ce qu’il re-convoque les aspects intériorisés de l’histoire de la France, ne me semble nullement un choix judicieux mais relever plus d’une provocation que d’un désir de mettre en place des politiques tenant compte des raisons qui poussent les femmes et les hommes à fuir leur pays.