VEOLIA ou l’écol’EAUpportunisme d’une multinationale française de l’eau

Enquête à Bruxelles (Belgique) et à Rabat (Maroc)

, par Fondation Danielle Mitterrand - France Libertés

Entreprise nominée aux Prix Pinocchio 2011 dans la catégorie « Plus vert que vert »

Synthèse du rapport

Forte de 106 filiales et présente dans 77 pays, Veolia Environnement se targue de représenter le « modèle français » de gestion de l’eau aux quatre coins du monde. Or aujourd’hui ce modèle est en crise. Veolia doit notamment faire face à une vague de remunicipalisation de la gestion de l’eau en France et ailleurs. Dans ce contexte, à coups de « Charte du développement durable » et de campagnes publicitaires, « la plus grande entreprise de service d’eau au monde » n’échappe pas aux contradictions entre l’image d’entreprise écologiquement et socialement responsable qu’elle veut se donner, et l’impact de ses activités.

Deux cas le démontrent en particulier. Tout d’abord la fermeture brutale, sans en informer les autorités locales, de la station d’épuration Bruxelles Nord, le 8 décembre 2009. Aquiris, filiale de Veolia gérant la station, a interrompu le traitement des eaux usées de plus d’un million d’habitants, rejetées pendant plusieurs jours dans trois cours d’eau en aval. Cela a déclenché un conflit politique majeur. Comme l’a montré le rapport d’une commission d’enquête indépendante, la technologie innovante de traitement des eaux usées, soi-disant moins polluante et « au service de l’environnement », mise en avant par Veolia pour obtenir ce contrat deux ans auparavant, n’était vraisemblablement pas adaptée et risquée.

Deuxième cas, celui de la gestion déléguée de l’eau dans la capitale marocaine, Rabat. Depuis dix ans, Veolia environnement s’est implanté dans la région de Rabat pour gérer plusieurs services publics : l’éclairage, les déchets, l’eau et l’assainissement. Des défaillances de gestion sont rapidement apparues, mettant à mal le partenariat public-privé et motivant le mécontentement des citoyens marocains, associations et syndicat : hausse démesurée des prix, investissements retardés et sous-dimensionnés, transfert de fonds opaques,… En plein printemps arabe, les protestations contre l’entreprise se sont renforcées
en 2011 dans un contexte tendu de renégociation quinquennale du contrat.

Les populations et l’environnement sont trop souvent les victimes des activités des multinationales européennes, en particulier dans les pays du Sud. Veolia en est un exemple d’autant plus emblématique que l’eau, bien commun fondamental, ne doit pas être traitée comme une marchandise. À travers ces études de cas, c’est la responsabilité des multinationales européennes et une plus grande transparence de leurs activités que nous exigeons : les entreprises doivent être tenues légalement responsables de l’impact de leurs activités comme de celles de leurs filiales sur les populations et sur l’environnement.

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