Le Mali : Une démocratie en panne de son développement ?

Une économie en mal de développement

, par CIIP

Le Mali est un pays en voie de développement. Son activité économique, bien que faible, est en hausse de 4,3 % en 2009 à la faveur d’une bonne pluviométrie. Le PIB par habitant est passé de 820 $ à 1 200 $ de 2000 à 2008 (Selon le CIA World Factbook) et en hausse de 4,3 % en 2009, après une diminution de 7,69 % l’année précédente. Le déficit budgétaire s’est réduit en 2009 (1,5 % du PIB), principalement par un meilleur recouvrement des recettes fiscales. Le budget 2012, adopté une nouvelle fois en déséquilibre, prévoyait un déficit de l’ordre de 10 % et le budget 2013 envisage des recettes en baisse de 28%.

De 2005 à 2007, le Mali a satisfait au Cadre stratégique de croissance et de réduction de la pauvreté (CSCRP) où l’accent est mis sur "le développement du secteur privé comme moteur de la croissance grâce a une croissance régulière respectivement de 6,1%, 5,3%,et 4,2 % (Données de l’OCDE) . et s’est maintenue à un niveau similaire : 5.8% (2010),et 5.3 % (2011).

Le secteur primaire représente 37,5 % du PIB : le repli de la production cotonnière (1ère ressource à l’exportation) étant compensé par le développement des productions vivrières. Le pays est un gros producteur de bétail (7,8 millions de bovins et 22 millions de caprins), exportateur dans les pays voisins.

Outre ce secteur, le PIB se décompose comme suit :
Mines, or principalement, 8,4% ; les mines, gérées par des entreprises étrangères profitent peu au pays et voient les droits des travailleurs bafoués, dénoncés par de nombreux syndicats et ONG.
le BTP, eau, gaz 6,8%,
industries manufacturées (essentiellement issue de la production agricole) 9 %,
les transports, commerce et communications 20,2%.

Les migrants apportent une contribution essentielle au développement économique. D’après la Banque mondiale, l’argent envoyé par des Maliens vivant en France participe à la construction de 60 % des infrastructures. En outre, le Mali dépend en grande partie de l’aide étrangère et subit les fluctuations des cours mondiaux du coton.

La dévaluation du franc CFA en janvier 1994, censée favoriser les exportations, a surtout divisé par deux la valeur des capitaux nationaux et donc les capacités nationales d’investissement. Les exportations maliennes de produits transformés sont avant tout bloquées par des barrières administratives, et non du fait de leur prix.

Sous les injonctions des Institutions financières internationales, les privatisations se multiplient (énergie, télécommunications, compagnie aérienne, etc.), bien souvent au profit d’opérateurs étrangers, qu’il s’agisse des mines, des transports, du chemin de fer, du tabac, etc.

Le Mali a été admis à l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) en septembre 2000, sa dette a ainsi été réduite. En 2006, le Mali bénéficie de l’annulation de sa dette sous forme de dons dans le cadre de "l‘Initiative pour l’allègement de la dette multilatérale". En 2007, le service de la dette représente 3,4 % du PIB. En contrepartie, priorités sont données à l’éducation, la santé et au développement rural.

Le Mali est membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et dans ce cadre, la politique monétaire est conduite par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) dont l’objectif principal est de préserver la parité entre le franc CFA et l’euro et de contrôler l’inflation. Celle-ci a été de 2,2 % en 2009, contre 9,2% en 2008

En 2013, le budget malien s’élève à environ 1007.8 milliards de francs CFA en recettes (soit environ 1.536 milliards d’euros et 1057,2 milliards d’euros en dépenses.(soit légèrement plus de deux fois le budget de la ville de Nantes). En 2009, l’APD représente 10 % du PIB (940 milliards F CFA), contre 14 % en 2005.

Alors que le gouvernement proclame l’autosuffisance alimentaire dans le cadre de sa politique de « promotion des investissements privés dans sa production rizicole » ces deux dernières années voient l’accaparement de terres par de grosses entreprises étrangères et maliennes, pratique dénoncée par la Coordination Nationale des Organisations Paysannes du Mali (CNOP) qui rappelle que le Mali était encore il y a peu un exportateur net de riz…
Sans même une étude d’impact social et environnemental, le gouvernement octroie 100 000 hectares dans la zone de l’Office du Niger à l’entreprise libyenne Malibya. Ces contrats entraînent l’expulsion d’agriculteurs locaux de leurs terres, parmi les plus riches du pays. Le contrat pour la semence du riz a hybride est confié à une entreprise chinoise. Ailleurs, c’est l’entreprise Tomota qui possède 100 000 hectares de culture de jatropha utilisée comme agrocarburant. Les paysans, expropriés de leurs terres sans dédommagement, sont contraints de travailler pour 500 à 750 FCFA par jour pour subvenir aux besoins de leur famille.