Tunisie : « Révolution de jasmin » ou Intifada ?

Par Amin Allal et Vincent Geisser

, par Mouvements

Article paru dans le numéro 66 de Mouvements. Le cliché de la « révolution de jasmin », si répandu en France, n’est-il pas le signe d’une incapacité à saisir la nature des mouvements sociopoli-tiques qui ont touché la Tunisie bien avant la révolution Facebook ? Se pencher sur ces mouvements de fond à l’origine des événements qui ont conduit à la chute du régime de Ben Ali est d’autant plus nécessaire qu’ils nous aident aussi à comprendre ce qui se joue aujourd’hui dans cette pé-riode de transition démocratique.

En France, la formule « révolution de jasmin » s’est très rapidement imposée chez les commentateurs, les experts et les observateurs pour qualifier les protestations qui ont précipité la chute du régime de Ben Ali. Au-delà de cette terminologie orientaliste aux accents exotiques, se dégage toute une représentation stéréotypée de la « révolution », reproduisant les mêmes préjugés qui ont souvent conduit à négliger la dérive répressive et affairiste du pouvoir benaliste : le cliché selon lequel la Tunisie serait le « pays du juste milieu », de la « stabilité », son peuple d’un tempérament pacifique s’accommodant aisément de toutes sortes de régime (dictatorial, autoritaire, démocratique, etc.), continue à structurer notre vision de cette société. À partir d’une sociologie des modes de contestation avant la révolution de l’hiver 2010-2011 et d’une réflexion approfondie sur le rôle de la centrale syndicale (UGTT), cette contribution vise à remettre en cause un certain nombre de présupposés sur l’Intifada tunisienne qui n’a rien à voir avec une « révolution de Palais ».

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