Tunisie : "On assiste à une cyber-révolte"

, par SCHNEIDER Julie

Karim Bitar, spécialiste du monde arabe à l’Institut des relations Internationales et Stratégiques (Iris), revient sur la crise tunisienne.

Youphil : Que se passe-t-il en Tunisie ?

Karim Bitar : L’exaspération des jeunes est née du manque d’opportunités professionnelles pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Mais ils n’ont pas accès à l’emploi, comme le montre le fort taux de chômage. D’ailleurs, l’élément déclencheur des émeutes est très emblématique : un jeune diplômé a tenté de s’immoler par le feu parce qu’il ne pouvait même pas vendre des légumes.

Ces affrontements sont le fruit d’une accumulation de frustrations, depuis plusieurs années, qui sont liées à plusieurs facteurs, comme l’absence de liberté politique. Or, la jeunesse tunisienne a besoin de liberté. Cette génération est de plus en plus instruite, a accès à Internet… Contrairement à leurs parents, ces jeunes ne sont plus prêts à accepter de bafouer leur liberté pour la stabilité. Il y avait une sorte d’accord tacite entre le peuple et le président Ben Ali à ce sujet. Il semble être remis en question.
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