Cet article de Bernard Duterme, sociologue et directeur du CETRI (Centre Tricontinental), est une introduction à la dernière publication en date de la revue Alternatives Sud, qui porte sur l’industrie du tourisme international.
Égrainant les contradictions et les écueils du discours qui l’érige en « moteur de prospérité et ferment d’humanité », Duterme montre au contraire que le tourisme comme vecteur de démocratisation, d’exotisme et de prospérité économique est en règle générale une illusion et un faux semblant. Pour lui, il dissimule une réalité plus sombre : celle de la reproduction de relations sociales internationales hiérarchisées, de relations de pouvoirs asymétriques, en bref, des relations de domination structurelle et historique.
Dans un premier temps, l’article montre que loin d’être démocratisé, le tourisme reste un « produit de luxe » réservé à certain.e.s privilégié.e.s, au bilan carbone élevé, qui contribue à réaffirmer un certain « classisme culturel ». Ensuite, il examine l’« authenticité mise en scène », qui se traduit par la simplification-folklorisation des cultures et sociétés locales pour mieux les transformer en produit de consommation. Enfin, il dénonce la concentration des bénéfices produits par l’industrie touristique, les poussées inflationnistes, la gentrification des quartiers, et la spécialisation économique dans un seul secteur nécessairement dépendant.
L’analyse et la critique proposées ici par le CETRI se concluent par un plaidoyer pour la régularisation de ce secteur économique majeur en ce début de XXI° siècle.