La dernière décennie a vu apparaître des mobilisations qui intégraient dans leurs modes d‘action un rapport particulier à l’espace. Il y a eu « nuit debout », « los indignados » ou « occupy Wall Street », mais aussi les places « Maïdan » et « Tharir », et les occupations de place. Les gilets jaunes, la réappropriation des ronds-points comme lieux d’échanges, et les manifestations sans itinéraire déterminé à l’avance. Et enfin les « ZAD » (« zone à défendre ») et la transformation de lieux de lutte en espaces de vie communs et alternatifs.
Si les lieux de mobilisation deviennent également l’espace des possibles, comment l’ECSI, dont l’objectif est la transformation sociale [1], peut-elle aborder la question des territoires ?
Illustration en licence CC BY-ND 2.0
La question n’est pas nouvelle pour l’éducation populaire. Selon Mustafa Poyraz, « l’animation socioculturelle a émergé, en tant que profession, avec la construction massive de grands ensembles bouleversant la vie quotidienne des habitants ». « Comme la fragmentation des espaces supprimait au fur et à mesure les activités de loisirs spontanées, la nécessité de fabriquer de nouveaux espaces d’activités s’est imposée ». « Les équipements socioculturels et sportifs se sont multipliés sous la pression de cette nécessité. Ainsi, les premiers animateurs professionnels sont apparus pour organiser, animer ces lieux d’activités, de loisirs et de culture » [2].
L’ECSI peut-elle aller, dans sa pratique, au-delà de l’animation des territoires ? Comment peut-elle se saisir des enjeux de réappropriation des lieux de vie ? Quels méthodes et outils pour faire émerger les représentations et usages du territoire ? Pour accompagner quelles transformations ?