Sommet de Copenhague : quand le climat devient stratégique

Dossier dirigé par Sylvie Matelly, directrice de recherche à l’IRIS et Sarah Lacarrière, chercheur à l’IRIS

, par Institut de relations internationales et stratégiques, centre de recherche en relations internationales (IRIS)

Copenhague est depuis quelques semaines la ville vers laquelle se tournent tous les regards. Aucun quotidien, aucun périodique, aucun site internet qui n’ait, ces jours-ci, publié sur le sommet qui s’y tient en ce mois de décembre. Notre site n’y échappe pas et notre objectif étant de traiter de l’actualité des relations internationales, il était difficile d’occulter un tel événement qui reste, qu’on le veuille ou non, l’actualité internationale majeure de cette fin d’année 2009.

Cette quinzième édition de la Conférence des parties, je n’apprendrai rien à personne, est supposée déboucher sur un accord qui devrait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre après 2012 et donc de lutter contre le réchauffement climatique. Un nombre très certainement inégalé par le passé de décideurs politiques, de chefs d’Etats et de gouvernement se rendront à Copenhague, toutes les ONG engagées sur les questions environnementales y sont également prouvant, si tant est que ce soit encore nécessaire, l’importance de l’événement.
Au delà de tout cela, que retiendra-t-on à l’issue de ce sommet ? Est-ce qu’il sera le sommet historique que d’aucuns nous annoncent ? Aboutir à un accord, si possible avec des engagements chiffrés et une feuille de route, apparaît comme un enjeu clé. Certes, mais un accord suffira-t-il ? La troisième conférence en 1997 avait permis l’adoption d’un texte novateur, le protocole de Kyoto, qui affichait des objectifs chiffrés et une échéance temporelle précise. Pourtant, malgré leur engagement initial, les Etats-Unis ne l’ont jamais ratifié, l’Australie, tardivement, à Bali en 2007 et le Canada a menacé de s’en désengager. Et même les Etats les plus impliqués, les pays européens, ont certes mis en place un marché d’émissions de gaz à effet serre mais force est de constater que la réduction de leurs émissions reste relative et très peu corrélée, pour le moment, à des efforts et investissements notables pour changer nos modes de vie, mais plutôt à des facteurs exogènes et conjoncturels : une croissance relativement limitée et l’élargissement de l’Union européenne à des pays dont l’industrie lourde très polluante initialement se modernise.