Pour comprendre le succès de Duterte, il faut aller au-delà de l’image qu’il s’est construit en tant qu’ancien chef d’un soulèvement populaire. Il faut le replacer dans le contexte de l’économie et de la politique des Philippines. L’économie philippine dépend des profits tirés des rentes et de la relative faiblesse de l’État. Le sous-développement de la base industrielle et la paupérisation du secteur agricole font que la rente est la principale source de la richesse.
Oligarchie philippine
Les capitalistes concourent entre eux pour l’influence dans l’appareil d’État voire pour s’approprier certaines de ses parties, afin de contrôler des marchés et de s’assurer l’accès aux ressources. La recherche de la rente et la compétition pour le contrôle de l’État confondues ont produit une corruption structurelle qui, à son tour, produit l’impunité institutionnalisée.
Le capitalisme philippin est contrôlé par une classe dirigeante qu’Alfred W. McCoy [2] a décrite comme une « oligarchie » composée d’un « groupe de familles assemblées par des liens du sang et du mariage », qui combinent « le pouvoir politique et les avoirs économiques pour diriger le destin de la nation ».