Rodrigo Duterte, le nouvel homme fort des Philippines

, par ESSF

L’élection de Rodrigo Duterte à la présidence des Philippines a fait la « une » des informations dans le monde entier. Ce n’est pas surprenant. Décrit comme un « outsider » et un « non-conformiste », Duterte est une énigme charismatique. Il est connu pour ses discours pleins de grossièretés, de blagues misogynes et promettant de laisser à la police les coudées franches pour assassiner les suspects. Mais il se proclame également socialiste et prétend être le premier président de gauche aux Philippines [1]. Que représente donc son succès ? Son ascension a-t-elle un quelconque rapport avec le changement qu’il a promis ? Et qu’est-ce que cela signifie pour la gauche aux Phillipines ?

Festival Torotot 2015 in Davao City
CC Bro. Jeffrey Pioquinto, SJ

Pour comprendre le succès de Duterte, il faut aller au-delà de l’image qu’il s’est construit en tant qu’ancien chef d’un soulèvement populaire. Il faut le replacer dans le contexte de l’économie et de la politique des Philippines. L’économie philippine dépend des profits tirés des rentes et de la relative faiblesse de l’État. Le sous-développement de la base industrielle et la paupérisation du secteur agricole font que la rente est la principale source de la richesse.

Oligarchie philippine

Les capitalistes concourent entre eux pour l’influence dans l’appareil d’État voire pour s’approprier certaines de ses parties, afin de contrôler des marchés et de s’assurer l’accès aux ressources. La recherche de la rente et la compétition pour le contrôle de l’État confondues ont produit une corruption structurelle qui, à son tour, produit l’impunité institutionnalisée.

Le capitalisme philippin est contrôlé par une classe dirigeante qu’Alfred W. McCoy [2] a décrite comme une « oligarchie » composée d’un « groupe de familles assemblées par des liens du sang et du mariage », qui combinent « le pouvoir politique et les avoirs économiques pour diriger le destin de la nation ».

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