Nouvelle-Calédonie-Kanaky : la construction d’une souveraineté

Rien n’est encore écrit en Nouvelle-Calédonie-Kanaky

, par CDTM 34

Les trente dernières années d’un dialogue pacifié entre indépendantistes, non-indépendantistes et Etat français s’appuient sur un long processus de négociations. Si les revendications du peuple kanak ont placé au cœur de ce processus la question de l’indépendance, l’adhésion au principe du « destin commun » est désormais un pivot pour la construction de la souveraineté de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky. Cependant, les mesures de rééquilibrages mises en place depuis les accords de Matignon ont atteint leurs limites et le modèle suivi peine à gommer les inégalités d’une société à la fois marquée par son histoire et confrontée de plein fouet aux problématiques d’un monde pris dans le maelström actuel de la mondialisation.

Avant la consultation en 2018, les responsables politiques ne manqueront pas de s’emparer de certaines questions de société comme la hausse de la criminalité. A ce titre, les récents affrontements armés entre des jeunes et la police (suite à la mort d’un jeune repris de justice de la tribu de Saint-Louis tué par un gendarme) ont déjà renforcé le sentiment d’insécurité des populations. A cela s’ajoutent les jeux politiques locaux [1] qui risquent, en période d’élections présidentielles et législatives, de venir brouiller les pistes autour du référendum sur l’autodétermination. Les incertitudes économiques liées au marché du nickel s’inviteront, elles aussi, à la table référendaire. En dépit de l’embellie espérée pour 2017 (fermeture de mines annoncées par le concurrent philippin) et des engagements financiers de l’Etat français pour soutenir la filière face aux pertes calédoniennes en 2016 (-6,5% de chiffre d’affaires malgré une hausse des exportations), l’économie locale apparaît de plus en plus soumise aux vagues de spéculations des prix du nickel. Enfin, le gouvernement calédonien, pourtant engagé dans un large « projet éducatif », reste en grande partie éloigné des espoirs, des craintes et des valeurs des Néo-calédoniens de demain [2].

Cependant, ces multiples freins ne doivent pas faire oublier la puissance des forces vitales sur ce « caillou du Pacifique » d’où l’artiste poète/slameur kanak, Paul Wamo, chantre des identités multiples et fécondes, invite à « ne jamais abandonner le bout de son chemin ».