Les graves crises environnementales, économiques et sociales actuelles, contre toute attente, n’ont pas conduit la plus part des élites nationales et internationales à un changement radical de direction. Bien au contraire, nous observons que l’offensive s’accentue de la part des superpuissances économiques pour s’accaparer les terres et toutes les ressources encore disponibles, dans le but de faire du profit. La terre est devenue une marchandise comme une autre qui fait l’objet d’échanges spéculatifs, de même que l’eau, les semences etc. Cette hyper commercialisation des biens communs conduit à des expropriations en masse des personnes qui vivent simplement de la terre. Les paysans et paysannes en sont particulièrement affectés.
Au même moment, la résistance se manifeste partout. Dans le monde entier, des communautés urbaines et rurales, touchées par la même vague de privatisation et de destruction de la vie, résistent aux entreprises multinationales qui imposent la règle du profit au détriment des besoins et des droits des populations. Le mouvement de résistance contre les OGM a récemment mené à des victoires : des projets de cultures agro-écologiques durables ont été développés dans des villes et dans les zones rurales pour l’alimentation des populations locales. Des milliers de personnes ont protesté contre l’absurdité de certains "projets de développement" destructeurs comme des mines, des aéroports, des centres commerciaux ou des plantations industrielles. Des paysans et paysannes, et des groupes de la société civile se sont opposés à l’accaparement des terres partout…
Origine de cette journée d’action : Le 17 avril 1996 à Eldorado dos Carajás, dans l’Etat amazonien du Pará au Brésil, la police militaire de cet état a massacré des paysans et paysannes membres du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST), tuant 19 personnes. Ce jour là, 1500 hommes et femmes membres du MST ont occupé et bloqué une autoroute pour exiger du gouvernement des états et de l’Etat fédéral brésilien, la mise en œuvre d’une réforme agraire. Aux alentours de 16h, 155 policiers militaires de l’état du Pará, issus de deux brigades, ont encerclé les membres du MST installés sur l’autoroute, utilisant du gaz lacrymogène, et tirant à balles réelles avec des mitrailleuses. En plus des 19 membres du MST tués au cours de ce massacre, trois personnes sont décédées des suites de leurs blessures, et 69 autres blessées. Les autorités de cet état – la police, l’armée et de puissants propriétaires terriens – étaient impliquées dans la préparation et l’exécution de ce massacre. Plus de quinze ans plus tard, aucun des responsables de ce massacre à Eldorado dos Carajás n’a été emprisonné ou puni.