Réforme de la gestion de l’eau en milieu rural au Sénégal : quand l’usager se dilue dans le client

Par Moussa Diop

, par Pambazuka

Cet article fait partie d’un numéro sur l’eau et la privatisation de l’eau en Afrique, produit dans le cadre d’une initiative conjointe par Transnational Institute, Ritimo et Pambazuka News. Cette édition spéciale est aussi publiée en anglais.

Article traduit par Detrich Peeler, traducteur bénévole pour rinoceros

De nouveaux acteurs sont apparus dans le secteur de l’eau, avec les réformes entreprises au Sénégal. On se retrouve ainsi avec une gestion multiforme où cohabitent les règles traditionnelles, les règles officielles, et les règles pragmatiques résultant de la confrontation des deux premières. Et comme le constate Moussa Diop, « on note des situations de fusions et de confusions, des écarts et une concurrence entre les normes créant une situation de gestion anomique ».

Dans les années 1980, des thérapies de choc ont été préconisées par les institutions de Bretton Woods au nom de l’ajustement macroéconomique : rétablissement des équilibres internes et externes par de sévères cures d’austérité budgétaire, privatisation des entreprises publiques, déréglementation des prix, dévaluation, abandon des grands projets d’infrastructure, renoncement aux politiques d’import-substitution, le tout agrémenté d’une dose de moralisme sur la « bonne gouvernance ». Cette boîte à outils pour pays en crise résumait ce qu’il est convenu d’appeler le « consensus de Washington » conclu entre la Banque Mondiale, Le Fond Monétaire International (FMI) et plus tard l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Les institutions financières internationales (IFIs) vont accorder des prêts à de nombreux pays africains pour financer les infrastructures avec comme conditionnalités des réorientations de leurs politiques économiques.

Au Sénégal, la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est de 57,1% en 2001/2002 avec des disparités énormes entre centres urbains et ruraux. En milieu rural, 65,2% des individus et 57,5% des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les ménages pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable s’approvisionnent essentiellement à partir de sources d’eau non protégées. Ils s’exposent ainsi aux maladies hydriques (paludisme, bilharzioses, dysenteries, diarrhées, etc) qui sont une des causes principales de la mortalité infantile. En 2003, un sénégalais sur trois n’avait pas encore accès à l’eau potable et un sur deux à un système d’assainissement adéquat. Pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire, le Sénégal, à travers son plan d’actions, met l’accent particulièrement sur la gestion des ressources.

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