Redistribuer les terres : une urgence

, par Syfia Grands Lacs

En manque de terres, de nombreux paysans burundais migrent ou exploitent, sans autorisation, de grandes propriétés privées, sans attendre la réforme agraire prévue par le gouvernement. Mais, avec près de 300 habitants/km2, l’agriculture ne peut pas être la seule voie de développement du pays.
"Mes enfants n’ont aucun avenir car ils n’auront pas où cultiver", se plaint Apollinaire Nyabenda de la commune de Ngozi, au nord du Burundi. Ses sept enfants n’auront en effet à se partager qu’un petit terrain de 450 m2. De nombreux habitants de cette région sont dans la même situation. Dans la province voisine de Kayanza, "les plus gâtés ne légueront qu’1 ha à tous leurs enfants", témoigne Siméon Sinamenye, un conseiller collinaire. Un état de fait qui risque d’empirer, car la démographie est galopante. De plus de 6 millions en 1990 (année du dernier recensement), le Burundi compterait aujourd’hui près de 8 millions d’habitants. Avec plus de 290 habitants/km2, le pays a l’une des plus fortes densités d’Afrique. Dans certaines régions, elle atteint même 400 habitants/km2. Faute de terres, les gens migrent en ville ou dans les régions les moins peuplées ou font main basse sur des terrains vierges appartenant aux privés. Lire