Le meilleur moyen de comprendre la situation présente de la science est sans doute de
se retourner sur le chemin parcouru en quelques décennies. Si je tente de me replacer
dans la position du jeune chercheur que j’étais il y a trente ans, je suis effaré par
l’optimisme qui était le nôtre — et celui du milieu scientifique tout entier. Nous ne
doutions ni que la science puisse résoudre à court terme les sérieuses difficultés
théoriques de ses disciplines de pointe comme la physique des particules, ni qu’elle
apporte la solution des graves problèmes concrets de l’humanité, en matière de santé
par exemple (c’était l’époque du programme nixonien de “guerre contre le cancer”), et
encore moins que son développemnt se poursuivre avec des ressources en moyens
humains et matériels toujours plus amples. Toutes ces attentes ont été déçues, il faut
bien aujourd’hui le reconnaître. La science souffre d’une forte perte de crédit, au sens
propre comme au sens figuré : son soutien politique et économique, comme sa
réputation intellectuelle et culturelle connaissent une crise grave.
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