Ramallah dream voyage au coeur du mirage palestinien

Par Benjamin Barthe

Editions La Découverte, 2011, 271 pages

Ramallah, du rêve…à la réalité ?

Loin de l’emballement que provoque l’essor économique que semble connaître Ramallah et derrière l’apparence d’une ville présentée comme le fer de lance et la vitrine miraculeuse et merveilleuse du futur Etat palestinien, l’ouvrage de Benjamin Barthe donne à voir une réalité nettement moins réjouissante et dresse un bilan très contrasté de la situation, à contre-courant de ce qui est habituellement énoncé depuis quelque temps.

S’appuyant sur son excellente connaissance des intérêts et des enjeux due à son expérience de journaliste sur le terrain pendant plusieurs années, illustrant ses propos par des entretiens et des données précises, l’auteur fait un constat sévère de la politique menée par l’Autorité palestinienne et notamment de la volonté de Salam Fayyad de construire un Etat de fait, de manière pragmatique, en débutant par l’aspect économique.

Pourtant, la stratégie consistant à édifier un Etat de manière pacifique et empirique, en se basant sur des fondations concrètes, donc économiques, devrait pouvoir permettre d’aboutir par la suite et plus facilement à la « simple » reconnaissance officielle d’un Etat déjà existant. Cette idée n’est pas inintéressante et rappelle la vision des pères fondateurs de l’Europe, qui ont permis la création des Communautés européennes grâce aux politiques économiques. Mais ce qui pouvait se concevoir entre Etats libres et souverains apparaît difficilement transposable au sein d’un territoire soumis à occupation par un Etat tiers et qui, de ce fait, n’est ni maître de son économie et de ses finances, ni libre de ses décisions.

Au-delà de ce procédé, Benjamin Barthe pointe les contradictions inhérentes à la manière de faire qui a été choisie, elle-même due à la situation d’occupation dans laquelle se trouve la Palestine. Il estime ainsi que cette révolution économique n’est qu’un leurre, une fausse croissance, non durable, qui n’existe que du fait de l’aide des pays donateurs qui vient ainsi gonfler artificiellement le secteur public. Cela engendre un semblant de prospérité, forcément fragile, puisque sous perfusion internationale et soumis aux décisions arbitraires d’Israël qui, par sa réglementation tatillonne et par l’occupation des territoires, ne permet pas le développement réel de l’économie et une véritable liberté de circulation des produits (et que dire de celle des hommes ?).

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