La solidarité internationale

Quelles solidarités ?

, par CDTM 34

Devant les flots d’images de catastrophes et d’injustices que l’on reçoit chaque jour, nombreux sont ceux qui veulent aider, apporter un soutien.

Pour les uns, il faut collecter de l’argent, ou des vêtements, des médicaments, de vieux livres scolaires…
Pour les autres, il faut s’engager dans une association, proposer des projets, donner des conseils si ce n’est des directives. Pour beaucoup, surtout pour les jeunes, il semble évident qu’agir, c’est partir, aller sur le terrain.

Il faut surtout, d’abord, prendre le temps de réfléchir pour choisir les formes d’engagement qui conviennent à ses propres choix de vie, afin d’être cohérent. Réfléchir aussi aux demandes des populations des pays en développement.
Car c’est d’elles et pas de "nous" que doivent venir les projets ; ce sont ces populations qui sont le mieux à même de déterminer en quoi nous pouvons leur manifester notre solidarité.

Urgence et/ou développement

"Quand quelqu’un se noie, avant de lui apprendre à nager, il faut le sortir de l’eau". Cette formule est souvent employée pour expliquer la différence entre l’aide d’urgence et l’aide au développement.

L’aide humanitaire intervient en cas d’urgence pour essayer de limiter les conséquences d’une situation désastreuse. Les catastrophes naturelles (ouragans, tremblements de terre) ou les guerres sont des cas où faut faire vite, avec compétence et avec des matériels spécifiques. Les ONG qui sont spécialisées pour intervenir dans ces situations doivent, autant que possible, collaborer avec les populations locales qui connaissent bien le terrain ; mais elles sont parfois tentées de se substituer aux acteurs locaux par souci d’efficacité, pour venir en aide rapidement aux victimes.

L’aide au développement, quant à elle, a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des populations dans la durée, selon leurs souhaits et avec leur participation. Il s’agit alors d’appuyer les acteurs locaux dans leurs efforts de survie, de reconstruction ou de résistance. Pour les ONG de développement, c’est toute l’organisation sociale régissant la collectivité qui est à prendre en compte. Il faut tenir compte des coutumes locales, des structures agraires, des relations à différents niveaux. Il est indispensable que les projets, qu’ils soient de développement agricole ou d’équipement urbain, soient débattus entre les ONG intervenantes, les bailleurs de fonds et les populations bénéficiaires. Les accords doivent être clairs avant que les projets soient mis en route.

Que ce soit pour travailler dans l’urgence ou dans le développement, ce qui compte, ce sont les compétences. C’est pourquoi beaucoup de postes à pourvoir concernent les personnels de santé et la logistique.
Les deux volets de l’aide ont un aspect diplomatique et un rôle économique non négligeables.

Bien souvent les ONG d’urgence sont amenées à poursuivre leur travail par une aide au développement, qui vient naturellement dans la continuité, dans des situations post-crises. Et également, les ONG de développement sont confrontées à des situations d’urgence.

Les différentes formes de solidarité

Donner

Donner des vêtements, de la nourriture, des médicaments sont des réflexes courants envers les plus démunis. D’autant plus quand on vit dans des pays riches où l’on a plus qu’il ne faut, et que l’on se sépare souvent d’objets dont on se dit qu’ils pourraient servir à d’autres. Malheureusement, tout n’est pas si simple dans ce domaine, et si le don semble la forme la plus naturelle de la solidarité, il n’est pas forcément la meilleure et il peut même quelquefois être la pire.

C’est un étonnant paradoxe, mais certains gestes de générosité peuvent en effet nuire à leurs bénéficiaires. Les dons peuvent être inappropriés, inadaptés, dangereux, polluants ou encore destructeurs de l’économie locale, etc. Ils peuvent également créer des relations de pouvoir, générer des comportements d’assistés, augmenter les inégalités, alimenter les marchés noirs… Autant de choses auxquelles on ne pense pas forcément quand on vide ses placards, ses rayons ou ses entrepôts.

Le don de matériel est rarement une solution pour être solidaire de façon plus efficace et responsable. Et si l’on fait un don, il faut que ce soit un don réfléchi, basé sur une demande précise émanant du ou des bénéficiaires et non une opportunité de donner des choses dont on ne veut plus ou dont on ne sait plus quoi faire.

Pour éviter le "gâchis", il faut trouver les moyens de recycler ou de réutiliser sur place ce que l’on aurait voulu donner (penser dans ce cas à l’économie solidaire, aux recycleries, etc).

Enfin, il est plus facile de faire circuler de l’argent que du matériel (étant donné les coûts de transport, douane, etc.).
Voir également notre fiche pratique Donner

Travailler en partenariat

Au retour d’un voyage, à la suite d’une rencontre sympathique, on bâtit des projets. On crée une association et on lance le projet. Ce n’est pas si simple, il faut connaître la législation, les démarches à effectuer, l’argent, nerf de la paix comme de la guerre. Et les relations ébauchées avec les partenaires potentiels peuvent se révéler difficiles ou s’évaporer tout simplement.

Il est préférable de voir avec quelle association connue on peut travailler, même si ça n’a pas le même goût de la nouveauté. En se renseignant, on évitera un certain nombre de pièges.

L’énorme variété des ASI permet à chacun de trouver l’activité qui lui convient : défense des droits, développement durable, liberté d’expression, biens publics mondiaux, santé, éducation, parrainage.
Consulter le répertoire des ASI

Partir

La rencontre de l’autre, des autres : une grande richesse

Là aussi, on peut partir seul ou à plusieurs. Préparer son voyage est un impératif pour ne pas avoir de mauvaises surprises.
Et pourquoi ne pas partir faire du tourisme solidaire ?
Voir également notre dossier "Tourisme solidaire"
Partir comme volontaire, chantiers, etc

Comment partir et pour quoi faire ? Le sentiment d’injustice, l’énergie, l’envie d’aider ne suffisent pas. Ce n’est pas de bras armés de pelles et de pioches qu’on manque dans certains pays du Sud, mais de compétences et de savoir-faire dans les situations d’urgence. C’est la raison d’agir des associations très spécialisées comme Médecins sans frontières, Médecins du Monde, Action d’Urgence Internationale.

Devant la complexité des problèmes, il vaut mieux éviter de partir sous le coup de l’émotion : il faut réfléchir, s’informer, discuter avec d’autres, qui sont dans la même recherche ou qui ont déjà un bagage de connaissances. Lire, se former, aller sur des sites : cela permettra de s’engager de façon plus pertinente.

Il vaut mieux, tout d’abord, écarter de son esprit l’idée que "Les pays du Sud (ou du Tiers Monde, ou pays pauvres) ont besoin de moi". Contrairement à ce que montrent certains médias, les populations des pays du Sud n’attendent pas passivement qu’on vienne les aider.

On ne peut pas aider sans connaître celui que l’on veut aider, sa situation, ses besoins, mais aussi les processus économiques, sociaux, politiques, culturels, qui conduisent à la pauvreté, à la malnutrition ou au travail des enfants. Nous avons souvent des idées toutes faites sur les pays pauvres et les remèdes à leur apporter.

Alors ? D’abord faire preuve d’humilité. Admettre qu’on ne sait pas tout, qu’on a beaucoup à apprendre.
Voir également notre fiche pratique Volontaire, bénévole

Etre une voix

Faire pression

Vous êtes scandalisé par les violations des droits de l’homme en Birmanie, par le travail des enfants dans le démantèlement des bateaux au Bangladesh, par les expulsions d’enfants « sans papiers » du territoire français ?

Seul, vous ne pouvez pas grand chose. Mais si vous joignez votre voix à celle de ceux qui pensent comme vous, vous aurez quelque chance d’être écouté. C’est le but des campagnes de pression lancées par des ONG de développement et/ou d’environnement. Un moyen efficace de peser dans la défense des exploités.

Témoigner

Les voyages, les rencontres, ici ou ailleurs, sont enrichissants. Il faut partager cet enrichissement avec ceux qui n’ont pas eu les mêmes opportunités.

En général, on revient changé d’une plongée dans un monde différent, ou simplement d’un débat avec des partenaires des pays du Sud. Il faut faire connaître ces découvertes, ces échanges. il est important de faire part de son expérience, positive ou négative, des erreurs qu’on a faites et qu’on aurait pu éviter, de tout ce que le contact avec un monde différent, des populations inconnues, peut avoir d’enrichissant, d’intéressant et, parfois, de cocasse.

Il ne s’agit pas seulement de parler directement ou dans une radio, mais d’écrire sur un site, sur un blog, dans un journal, de montrer par une exposition photo ou un film.
Si on est parti avec un organisme, il est recommandé de faire une restitution. Mais on peut aussi proposer une projection de photos, une expo de sa confection aux maisons de quartiers, MJC ou autres. Il faut proposer des supports d’animation de bonne qualité et bien préparer ces séances d’informations ou de débats : on ne s’improvise pas plus conférencier qu’on ne s’improvise volontaire.