Nous n’oserons pas donner une définition, mais plutôt présenter différentes interprétations du localisme en lien avec les enjeux auxquels il est censé répondre. Et comme en ECSI on aime se poser des questions, nous finirons par quelques interrogations.
Une approche géographique
Le localisme peut être présenté comme la localisation géographique de l’offre et la demande : relocalisation de l’alimentation, réindustrialisation, consommation locale... Selon cette approche, le localisme serait une réaction à la mondialisation et au néolibéralisme. Cependant, elle ne remet pas en cause le système de production et de consommation capitaliste, pas de décroissance à l’horizon. Avec le localisme, il peut y avoir croissance infinie tant qu’elle est locale !
Une approche politique
Au-delà du simple « faire et consommer local », le localisme implique de réfléchir ensemble, de façon collaborative, aux manières de produire et de consommer, de veiller au bien commun et de s’organiser politiquement pour faire des choix de société.
Cela permettrait une plus grande résilience du territoire face aux crises environnementales et économiques, à l’enjeu de souveraineté alimentaire globale... Le fait d’avoir inventé des solutions locales, ensemble, permettrait de réagir et de mettre en place des solidarités plus facilement.
Une approche identitaire
Il existe aussi un localisme excluant, qui peut parler à celleux qui se sentent menacé·es par la mondialisation et « l’uniformisation culturelle ». Il ne s’agit plus de faire ensemble, mais de faire entre-soi, en rejetant tout ce qui viendrait d’ailleurs (y compris les gens).
Par opposition, un localisme ouvert sur le monde se construit avec tous·tes celleux qui se trouvent sur le territoire, sans distinction de leur origine. Par ailleurs, le localisme ouvert affirme que si la protection des cultures locales est un enjeu, il faut le faire en lien avec d’autres territoires.
Les questionnements
Et si on relocalise tout, qu’advient-il des pays qui produisent ce que l’on ne consomme plus ou que l’on produit nous-mêmes ? Quelle solidarité avec les pays que le système d’échange mondial a forcé à se spécialiser dans la production et l’exportation de matières premières (café, cacao par exemple) pour ne pas aggraver leur situation économique et sociale ?
Qu’est-ce qui doit être relocalisé, qu’est-ce qui ne peut pas l’être ? Quel est le rôle de l’État ?