
Le hashtag #PeruPaisDeVioladores (littéralement, « Pérou, pays de violeurs »), a été à l’origine d’un intense et violent débat au Pérou sur les réseaux sociaux et dans les médias, à la suite d’une série de faits divers de viols particulièrement choquants. Cet article souligne quelques éléments révélateurs de la situation de la violence de genre au Pérou à travers l’analyse de ces débats.
Dans une première partie, il analyse la façon opposée qu’ont de comprendre le viol les secteurs conservateurs, qui n’y voient que le fait d’un individu « a-normal » et isolé socialement, et les mouvements féministes, qui tentent d’imposer une lecture des faits plutôt basée sur un schéma social et culturel systémique : la culture du viol.
Dans une deuxième partie, l’article explore l’émergence de nouvelles stratégies de lutte dans les mouvements féministes péruviens : réseaux sociaux, médias de communication numériques et autonomes, utilisation de l’art dans des interventions directes de rue pour se réapproprier les symboles et marquer les esprits ; mais aussi les limites de ces mouvements, dans un contexte d’inégalités socio-économiques historiques très profondes.
Enfin, dans une troisième et dernière partie, le texte rappelle les affinités de la force politique principale du Pérou en 2017-2018, liée au Fujimorisme de l’ancien dictateur, avec les détracteurs les plus virulents du hashtag et des avancées féministes : les églises évangélistes et mouvements conservateurs.
Comme le conclut l’article, « la lutte pour visibiliser la violence symbolique comme support qui perpétue la violence de genre systémique sera encore longue, mais il semble que les femmes péruviennes et latino-américaines avancent, et méritent qu’on leur prête une attention particulière du fait de la visibilité que leurs luttes acquièrent aujourd’hui ».