Palestine : mémoire et perspectives

Revue Alternatives Sud, Edités par le Centre tricontinental et Syllepse, Paris, Vol. XII (2005), n°1

, par KHADER Bichara

L’histoire contemporaine des Palestiniens s’apparente à un long fleuve tumultueux et à une accumulation de déchirures. Depuis la mort en 1904 du fondateur du sionisme, Theodor Herzl, jusqu’au gouvernement Sharon un siècle plus tard, elle s’est écrite au détriment d’un peuple jeté sur les routes de l’exil ou victime de l’occupation. Pourtant - et c’est sans doute l’une des surprises de l’histoire - les Palestiniens, que les dirigeants sionistes se sont échinés à effacer de leur champ de vision, en gommant leur mémoire ou en les noyant dans "l’océan arabe", apparaissent plus visibles que jamais, d’abord dans la figure du "réfugié-résistant", ensuite dans celle de l’"occupé" qui se soulève (intifadah). Cette sortie de l’invisibilité permet de déterrer la mémoire palestinienne des gravats de l’histoire officielle des vainqueurs. Les conditions de vie actuelles de la population palestinienne plaident d’elles-mêmes pour une issue urgente et juste au conflit, qui ne pourra pas se résoudre par la formule explosive du "eux ou nous". Une autre démarche morale s’impose, une démarche visant à surmonter les douleurs du passé et du présent, pour écrire les pages d’un futur partagé, susceptible de mettre fin à l’occupation et à l’exil. Lire