La désastreuse
Les habitants (les Defeños) savent se moquer des multiples problèmes de leur ville en la surnommant la « defectuosa » - la désastreuse.
Lieu d’agglomération des énergies et des difficultés, l’afflux de nouveaux arrivants (30 000 par mois) en fait une des villes les plus peuplées du monde avec plus de 20 millions d’habitants. Il s’y crée sans cesse de nouveaux quartiers qui échappent au contrôle des autorités, et la mise en place d’infrastructures n’arrive pas à suivre cette urbanisation galopante.
La situation particulière de la ville, en altitude et sur la cuvette d’une ancienne lagune entourée de volcans, accentue les problèmes environnementaux : les taux de benzène et de monoxyde de carbone atteignent des niveaux nocifs pour la santé humaine. Les gouvernements ont tardé jusqu’en 1995 à le reconnaître et à prendre des mesures en ce qui concerne les industries et la circulation.
L’instauration de couloirs pour les bus et l’obligation d’abandon du véhicule pour les particuliers un jour par semaine (« hoy no circula »), n’ont pas résolu les problèmes de la densification du trafic et de la pollution.
45 millions de véhicules, dont beaucoup sont anciens et très polluants, circulent chaque jour et leur nombre augmente de 400 000 par an. Le nouveau gouvernement reconnaît une grave crise de pollution.
Des tentatives « vertes » favorisent les éclairages solaires photovoltaïques, des terrasses herbagées et l’instauration d’échange de déchets contre des fruits et légumes produits localement.
Il y a aussi un problème crucial d’alimentation en eau. La captation des sources éloignées de la ville ne permet d’alimenter que quelques quartiers. La plupart des habitants doivent faire bouillir l’eau du réseau ou acheter l’eau potable.
L’organisation de la précarité
Les nouveaux arrivants connaissent des difficultés d’intégration (pour se loger, se déplacer, trouver un travail) et restent dans la précarité. Ils viennent gonfler le secteur informel (marchands ambulants, petits métiers….), secteur de la débrouille pour ces migrants. Les petits vendeurs des rues s’organisent souvent dans certains quartiers pour demander des lieux de vente stables et protégés de la police et des autres vendeurs.
Le phénomène des enfants des rues (niños de la calle) est en constante augmentation. L’UNICEF cite le Mexique comme détenteur du triste record de la pauvreté infantile dans les pays de l’OCDE. La déstructuration des familles pousse beaucoup d’enfants à vivre dans et de la rue.
Face à la paupérisation et à l’insécurité ressentie, les quartiers riches se protègent avec une tendance à la « fortification » : systèmes de sécurité, gardes, mini-quartiers fermés et surveillés…
Ces dernières années, la surpopulation et la misère, alliées à la corruption de la police, ont réellement favorisé la délinquance. Mexico est devenue une des villes les plus dangereuses du monde, le rapt ou les attaques à main armée ayant atteint un tel degré que cette violence a été un des thèmes privilégiés des dernières campagnes électorales.
La société civile met en place des luttes
Toutes ces difficultés ont fait surgir des luttes sociales qui touchent différents secteurs de la société civile. Elles ont pris un essor considérable au moment du tremblement de terre de 1985, moment où l’Etat s’est révélé incapable de porter secours à la population. Les habitants ont alors fait preuve d’une solidarité et d’une efficacité remarquables. Ensuite l’Assemblée de quartiers (Asamblea de barrios) a regroupé les sinistrés et de nombreuses luttes ont été organisées faisant preuve de leur vitalité toujours très actuelle.
L’un des personnages emblématique de ces luttes est le fameux Superbarrio, le justicier masqué, champion de lutte libre, qui prend la tête des manifestations et négocie avec les autorités.
La capitale n’est pas l’unique théâtre des revendications avec ses manifestations multiples et quotidiennes, le reste du pays connaît de nombreux foyers de rébellion.