Métro de Buenos Aires : une expérience syndicale inédite

par Eduardo Lucita

, par Réseau d’information et de solidarité avec l’Amérique latine (RISAL)

Il s’est produit ces jours-ci, dans les profondeurs du sous-sol de la ville de Buenos Aires, un événement syndical inédit. Le Corps des délégués syndicaux (CD, Cuerpo de Delegados Sindicales) du métro de Buenos Aires [1] a convoqué tous les travailleurs à un référendum afin de déterminer s’ils étaient d’accord pour constituer un nouveau syndicat et les travailleurs ont voté massivement.

Relève des générations

Le référendum convoqué par le CD vient couronner un processus dont les débuts remontent à 1994, lorsque l’entreprise publique a été privatisée et est devenue Metrovías SA, sous un régime de concession de droit privé. Immédiatement, toute une nouvelle génération de jeunes travailleurs a commencé à faire son entrée dans le personnel. Certains avaient une expérience politique dans les milieux étudiants, mais la majorité n’avait aucune expérience syndicale antérieure, bien qu’ils aient probablement participé à la grande vague « participationniste » et de démocratisation qui a inondé le pays au début des années 80 après la fin de la dictature militaire.

L’entreprise privatisée avait besoin de ces recrutements pour occuper rapidement les postes laissés vacants par les licenciements déguisés en départs volontaires et en retraites anticipées qui avaient fortement réduit le personnel. Mais les services à fournir sont restés aussi nombreux et ont même augmenté. Entre la privatisation et aujourd’hui, le nombre de passagers transportés par kilomètre a plus que doublé et le réseau du métro s’est étendu –extension qui continue encore- ; on a rajouté de nouvelles rames de trains et de nouvelles technologies de contrôle.

Nouvelle dynamique syndicale

1997 est une année que l’on peut qualifier de « charnière » dans ce collectif ouvrier, un point d’inflexion dans la relation capital/travail. A cette époque, divers événements et conflits ont lieu, résultat de l’activité autonome de ces travailleurs qui, au fil des années, se sont peu à peu organisés de manière clandestine en une sorte de front élargi unique, d’unité sociale par-delà les différences politiques partisanes. Lors de chaque conflit, ils se sont manifestés en marge des actions officielles du syndicat dont la représentation formelle est l’Unión tranviarios automotores (UTA). Lire