La Mauritanie, pays charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, fait partie de l’Union du Maghreb, bordée par l’océan Atlantique, limitrophe du Sénégal, du Mali, de l’Algérie et du Sahara occidental, occupé par le Maroc. Sa population composée d’Arabo-berbères (Beidanes et Haratines) et de Noir·es africain·es (Toucouleur·es, Soninko, Peul·es et Wolof) montre combien ce pays est à l’articulation des mondes maghrébin, saharien et sahélien.
Le nomadisme est bien ancré dans la société mauritanienne. Mais la région a connu un cycle de sécheresses chroniques entre 1977 et 1984 qui a profondément affecté et changé la société mauritanienne. La diminution des espaces de pâturages et de cultures a provoqué le déplacement et la sédentarisation d’une grande partie de la communauté nomade vers les territoires du sud du pays où se trouve la quasi-totalité des terres fertiles, le long de la vallée du fleuve Sénégal. En 1960, les nomades représentaient près de 90 % de la population totale alors qu’en 2006 on décomptait seulement 5 % de nomades dans le pays.
Le cycle de sécheresses chroniques, couplé à la dégradation alarmante des sols causée principalement par les érosions éoliennes et hydriques et par l’exploitation irrationnelle des terres, empêche la Mauritanie d’accéder à l’autosuffisance alimentaire.
Depuis son indépendance vis-à-vis de la France en 1960, le pays est miné par la corruption et les oligarques qui s’approprient les richesses du pays. Les nombreuses tensions liées aux différences politiques, religieuses, ethniques et culturelles ont entraîné une instabilité politique marquée par une série de coups d’État militaires dont les derniers ont eu lieu en 2005 et 2008.
À ces tensions internes s’ajoutent des crises d’origine externe au pays, comme au Sahel qui subit la montée de l’extrémisme religieux, du terrorisme et de l’insécurité due aux trafics en tous genres sévissant dans la région (produits alimentaires, drogues, armes, etc.). D’importants déplacements de populations ont lieu à la frontière mauritanienne suite aux interventions militaires au Mali et aux activités de groupes armés. Afin d’éviter la montée du terrorisme au sein du pays et de garantir le développement et la sécurité de la région du Sahel, la Mauritanie s’est alliée avec ses voisins, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, pour former le G5 Sahel. Les accords conclus dans ce cadre permettent de lier étroitement les développements économique et sécuritaire de ces pays et de coordonner les actions de lutte contre les différentes organisations djihadistes de la région (Al-Qaïda au Maghreb islamique, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, Al-Mourabitoune et Boko Haram). Contrairement aux autres pays de ce G5 qui subissent de nombreuses attaques terroristes, la Mauritanie n’en a plus connu depuis 2011. Jusqu’en 2008, le pays avait subi de nombreuses attaques ; cette année-là, dénonçant la faiblesse du président civil Sidi Ould Cheikh Abdallahi face aux terroristes, le général Mohammed Ould Abdelaziz le renverse, puis est élu en 2009. Le général Ghazouani est alors chargé, par le nouveau président, du rétablissement et du renforcement de l’armée avec l’aide des États français et étatsunien. Le pays conserve la maîtrise des actions à mener, grâce à la bonne connaissance du terrain par les militaires et à la création des Groupements spéciaux d’intervention (GSI), des unités légères et autonomes dotées d’une forte puissance de feu et très mobiles, à l’image des groupes armés qu’ils traquent.
Mais la lutte contre les mouvements islamistes et l’intégrisme religieux se fait parfois au détriment des droits et libertés des Mauritanien·nes.
Bien que la dernière exécution capitale date de 1987 et ait été prononcée par un tribunal militaire, de nombreuses condamnations à mort sont encore proclamées par la justice mauritanienne. Entre 2001 et 2018, la population carcérale mauritanienne augmente de 60 % et cette inflation entraîne une détérioration des services de base (eau, hygiène, santé) auxquels les prisonnier·ères ont normalement droit.
De nombreux·ses journalistes et militant·es des droits humains sont mis·es en prison, harcelé·es judiciairement et victimes d’abus policiers pour avoir exprimé pacifiquement des opinions dissidentes et des critiques à l’égard de l’État et de ses représentant·es ou pour avoir dénoncé des phénomènes d’exclusion ou des affaires de corruption.
Des notes d’espoir apparaissent tout de même avec l’élection, en 2019, du président Mohamed ould Cheikh El Ghazouani qui apporte les promesses de lutte contre la corruption, de plus de liberté, d’équité et de renouveau économique.