Pendant des millénaires, l’inégalité homme / femme a été la règle dans presque toutes les sociétés.
On ne peut nier que la condition des femmes, la reconnaissance de leurs droits, le respect de leur dignité, ont beaucoup progressé notamment en France, en Europe et dans les sociétés occidentales. Pourtant, que ce soit au Sud et même dans nos pays « développés » du Nord, le combat pour l’égalité est loin d’être gagné.
En France, les femmes obtiennent le droit de vote en 1946 (presque 20 ans après leurs consoeurs anglaises). La contraception est légalisée en 1967, l’avortement en 1975.
Comme partout dans le monde, ces avancées n’auraient pu être obtenues sans l’opiniâtreté et le courage de quelques unes, ni sans la société civile, structurée en réseaux associatifs et militants. Pourtant, si l’égalité est actée dans les textes, dans les faits la plus grande vigilance s’impose : une campagne récente nous rappelle que sur le territoire français chaque année 70 000 femmes sont menacées de mariage forcé, et que tous les 2,5 jours une femme meurt sous les coups de son partenaire masculin.
Les conditions de vie (parfois de survie) des femmes varient énormément d’une région du monde à l’autre. Si la culture, la religion, les traditions peuvent être des facteurs déterminants de la place de la femme dans la société, il n’en demeure pas moins que face à l’adversité ou dans les contextes de pauvreté les femmes sont toujours les premières victimes.
Dans de nombreux pays du Sud le simple fait d’être une femme rend plus difficile l’accès aux soins, à l’éducation, à la terre, au crédit, à l’autonomie et au progrès social. La population féminine est toujours plus vulnérable, et subit de plein fouet la précarité. C’est également dans les pays les plus pauvres que l’on mesure les plus grandes inégalités de revenus entre les hommes et les femmes (indice GINI [1]).
Les violences faites aux femmes sont universelles et permanentes (violences conjugale, sexuelle, psychologique…) Elles s’aggravent aussi au sein des populations les plus démunies, prennent les formes les plus horribles dans les zones de conflits. Le viol peut ainsi être utilisé comme une véritable « arme de guerre », afin de persécuter et d’humilier toute une communauté (en République Démocratique du Congo, au Rwanda, en Serbie).
Mais devant ces tristes constats les femmes ne restent pas passives : elles s’organisent, innovent pour contourner les arguments fallacieux et pour revendiquer leurs droits fondamentaux, constamment bafoués. Elles luttent pour gagner petit à petit leur place dans la vie familiale, économique, politique. Cette longue et lente conquête des droits est jalonnée que quelques belles victoires : au niveau international, c’est sous l’égide de l’ONU que se mettent en place les textes et les outils législatifs. En 1981 entre en vigueur la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, à laquelle adhèrent 186 Etats. Elle instaure un comité de 23 experts qui examine les mesures prises par les pays signataires et peut recevoir des plaintes individuelles ou collectives de femmes victimes de discrimination.
Plusieurs conférences mondiales dédiées à la promotion des droits de la femme ont été organisées par la suite, elles ont donné lieu à une Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, en 1993.
Quand on parle de mouvement mondial des femmes, on fait référence à ces liens tissés au fur et à mesure des rencontres, à ces échanges entre les femmes du monde entier pour structurer leurs luttes. Suivant le courant de la mondialisation économique, des réseaux sociaux, des forums mondiaux, elles veulent croire qu’un autre monde plus respectueux et égalitaire est possible, où l’on puisse entendre leur voix.
C’est oublier que la globalisation a aussi un revers et que les inégalités qui s’accentuent sur la planète creusent encore le fossé entre les femmes du Nord et celles du Sud : quand les premières peuvent être cadres, fonctionnaire international, professeur d’université, leurs consoeurs migrantes qui fuient la pauvreté ou les violences pour trouver refuge dans les pays occidentaux vivent bien souvent des situations précaires. Loin de bénéficier de l’égalité des droits et des avancées sociales, elles peuvent subir diverses formes d’exploitation, ou pire être victimes de trafics via les réseaux de prostitution.
Il n’en demeure pas moins que les femmes, de par leur combativité et leur force mobilisatrice, sont peut être les mieux placées pour défendre les valeurs de solidarité, de citoyenneté et pour construire une société fondée sur d’autre règles que celles de l’exploitation et de la domination.