Les militaires américains et AFRICOM : entre le marteau et les Croisés

Par Horace Campbell

, par Pambazuka

Les bombardements occidentaux des forces de Kadhafi en Libye sont devenus pour l’US Africa Command un stratagème opportuniste de relations publiques et une nouvelle tête de pont, en faveur d’ un bastion militaire sur le continent, écrit Horace Campbell. Il lève le voile sur stratégies militaires américaines en Afrique et les dangers d’une remilitarisation de leur engagement sur le continent.

Les bombardements occidentaux des forces de Kadhafi en Libye sont devenus pour l’US Africa Command (AFRICOM) un stratagème opportuniste de relations publiques et une nouvelle tête de pont pour un bastion militaire sur le continent. L’implication d’AFRICOM dans les bombardements sert maintenant à dévoiler les contradictions et les tromperies qui ont entouré la formation de cette unité combattante qui a prétend faire de l’assistance humanitaire militaire en Afrique, en coordination avec le Département d’Etat américain et l’US Agency for International Development (USAID). Les tentatives américaines de remilitariser leur engagement en Afrique sont dangereuses, compte tenu du fait que les Etats-Unis n’ont à leur bilan aucune trace positive et crédible de véritable assistance aux combattants de la liberté et aux mouvements de libération africains.

Les Etats-Unis étaient complices dans la planification du meurtre de Patrice Lumumba au Congo. Ensuite ils ont soutenu le monstrueux dictateur Mobutu Sese Seko, qui a pillé le pays et instigué les guerres récurrentes, le viol, le pillage, la corruption et la brutalité dont le Congo, à ce jour, ne s’est pas remis. Jonas Savimbi a été sponsorisé par les Américains afin de déstabiliser et de semer la terreur en Angola. Les Etats-Unis ont fourni une assistance matérielle militaire et morale au régime Apartheid d’Afrique du Sud et les combattants de la liberté, y compris Nelson Mandela, ont été taxé de terroristes (ce n’est qu’en 2008 que le Congrès américain a passé une loi qui retirait le nom de Mandela de la liste des terroristes). Il reste aux Etats-Unis à expliquer comment Charles Taylor s’est échappé d’une prison au Massachusetts pour aller déstabiliser le Libéria. Les jeunes gens qui sont recrutés par les militaires américains et envoyés en Afrique peuvent ne pas savoir grand-chose de l’histoire notoire de l’implication militaire américaine en Afrique et les hauts gradés profitent de cette ignorance.

A l’instar de la guerre psychologique que les militaires américains ont menée contre des sénateurs américains, un des rôles de l’AFRICOM est de mener une guerre psychologique en Afrique. Intégré dans la subtile guerre psychologique, il y a le concept de la hiérarchie des êtres humains et la supériorité du mode capitaliste de production et des idées provenant du fondamentalisme chrétien. C’est sur ce front-là qu’on trouve une faction de militaires américains connus sous le nom de ‘Crusaders’ (croisés).

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