Le terme de « réfugiés climatiques » désigne les personnes obligées de quitter la région ou le pays où elles habitent, suite à la dégradation de leur environnement ou à des catastrophes naturelles liées au dérèglement climatique (inondations, sécheresses…). Il apparaît pour la première fois dans un rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, en 1985.
La question des migrations climatiques n’est pas un phénomène nouveau : en effet, dès la préhistoire, des déplacements humains importants ont eu pour cause des modifications du climat (glaciation par exemple). C’est même une des explications possibles pour la disparition des hommes de Neandertal. Aujourd’hui, c’est l’activité humaine qui, en modifiant les équilibres climatiques, entraîne de nouvelles migrations.
Un vide juridique
Ces phénomènes migratoires ont des contours flous. Alors qu’en 1951 la Convention de Genève a fixé un statut aux réfugiés et aux déplacés, elle ignore le cas des personnes devant partir de chez elles à cause des changements climatiques. Le manque de statut juridique propre pour ces réfugiés crée un vide dans le droit international qui pose problème.
Car les chiffres sont variables mais montrent toujours l’ampleur de ces migrations. Les réfugiés climatiques dans le monde, estimés aujourd’hui à plus de 25 millions, seront les principaux migrants de demain et leur nombre pourrait atteindre, d’ici 2020, jusqu’à 250 millions de personnes.
Renforcement des inégalités Nord-Sud
Les zones les plus vulnérables sont les littoraux et les basses plaines (ou les deltas), touchés par l’élévation du niveau des mers et par les inondations. Les populations vivant dans ces régions doivent faire face à la disparition de leur terre, dont très souvent dépend leur subsistance. Une majorité d’entre elles sont forcées de se déplacer pour survivre, en migrant dans leur propre pays ou en passant les frontières. Les habitants des vallées en aval des grands glaciers, de l’Himalaya en particulier, sont eux aussi menacés par la fonte des lacs.
La responsabilité des migrations climatiques incombe essentiellement aux pays industrialisés, à leur mode de production et de consommation. Mais les effets les plus catastrophiques de ces bouleversements climatiques se font ressentir dans les pays en voie de développement où les populations, déjà en difficulté, doivent faire face à des catastrophes soudaines et critiques. La plupart de ces déplacements intéressent les pays voisins, les pays du Nord étant rarement concernés.
Le golfe du Bengale est un endroit du monde où les conséquences du réchauffement climatique sur les populations, sont particulièrement visibles : la fonte des glaciers himalayens combinée à la dilatation de la mer entraîne la montée régulière du niveau de la mer qui rogne les terres et noie inexorablement les îles de l’archipel de Sunderbans. Les habitants sont contraints de migrer vers la capitale déjà surpeuplée ou vers les pays voisins confrontés à des problèmes démographiques. Pour inverser cette tendance il faudrait des décisions politiques qui tardent à venir.
Atteintes aux droits fondamentaux
Dans le plus grand nombre de cas, il s’agit de déplacements sans retour. Une fois déplacées, ces populations doivent donc s’adapter à un nouvel environnement et réinventer leur système économique et social.
Les migrations climatiques portent ainsi atteintes aux droits humains fondamentaux (logement, alimentation, santé, accès à la terre…). En outre elles provoquent souvent des discriminations, surtout envers les groupes minoritaires. Un des enjeux de nos sociétés aujourd’hui est d’assurer le respect des droits économiques et sociaux de tous les déplacés et de permettre la pleine participation des communautés au processus de réinstallation.
Les populations s’organisent et tirent le signal d’alarme
En Polynésie, les représentants de l’Etat de Tuvalu, archipel dont l’existence est menacée par la montée du niveau des océans, ont commencé à envisager l’émigration de leurs habitants.
Ils ont demandé des visas à l’Australie (qui a refusé) et à la Nouvelle-Zélande (qui a accepté sous certaines conditions)…
La plupart des îles des Maldives, au large des côtes de l’Inde et du Sri Lanka, sont à moins d’un mètre au dessus du niveau de la mer, ce qui les expose à disparaître si le niveau des océans continue à augmenter. Pour attirer l’attention sur les effets du changement climatique et la gravité de leur situation, le gouvernement de ce pays a tenu un conseil des ministres sous-marin, à six mètres de profondeur !
Des petits états de pays insulaires, de tous les océans et régions du monde, particulièrement vulnérables à l’élévation du niveau des mers, ont créé une coalition, « AOSIS », qui adopte des positions communes en matière de changements climatiques. Ses 42 membres et observateurs jouent un rôle important, depuis de nombreuses années, dans les négociations internationales sur le climat.
Dans de nombreuses régions du monde des millions d’hommes et de femmes doivent faire face aux effets dévastateurs de la montée du niveau des mers, des catastrophes naturelles, de la réduction dramatique des réserves d’eau douce et des surfaces arables… Ces pays demandent que les raisons climatiques soient retenues comme un motif valable d’immigration au plan international.
Initiatives internationales
Face à cette situation alarmante, la question du changement climatique et de ses conséquences commence à être prise en compte par les organisations internationales (ONU, OEA, OIM, …), les Etats, les chercheurs en sciences humaines et de la terre, par les ONG et la société civile.
Au plan international, ce sujet est à l’ordre du jour de plusieurs conférences et fait l’objet de nombreux rapports et recommandations. L’Organisation des Nations unies et ses États membres, sensibles à la gravité et au caractère mondial du problème du changement climatique que leur a soumis la communauté scientifique, ont décidé de prendre des mesures à l’échelle du globe.
Conçus pour protéger les déplacés et réfugiés climatiques, des documents comme le « Protocole sur les personnes déplacées dans les Grands Lacs » et la « Convention sur la prévention du déplacement interne et pour la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique » (également appelée Convention de Kampala adoptée le 22 octobre 2009) sont avant tout valables aux niveaux local, et régional ; ils peuvent aussi constituer une base pour traiter cette question au niveau international.