En 2017, la Guyane a connu un mouvement social très suivi qui a permis à sa population de faire entendre ses revendications , longtemps ignorées, dans les médias. Ce que le grand public semble avoir moins bien perçu, c’est la place éminente prise par les populations autochtones, preuve d’une vraie diversité culturelle et d’une prise de conscience de leurs droits. Répartis en 7 groupes différents, les Kali’na, les Palikwene, les Lokono, les Wayana, les Apalai, les Teko, les Wayampis, les Amérindiens sont environ 10 000 en Guyane sur plus de 250 000 habitants.
Les jeunes du Haut Maroni et du Haut Oyapock subissent de plein fouet de profonds changements : nés de parents apatrides, ayant refusé la nationalité française, ils acceptent finalement d’être naturalisés à la fin des années 1990. Mais ce passage accélère la perte de leur culture et les confronte à de nouveaux problèmes. Face à l’accaparement des richesses du territoire, à l’inflation (plus de 80 % des produits de consommation courante sont importés de France), au chômage et au sous-développement, certains jeunes rejoignent les organisations amérindiennes du Littoral qui lancent le mouvement social de mars et avril 2017. Ils contestent notamment l’inaction de l’État en matière de lutte contre l’orpaillage et lancent une pétition pour la création d’un collège de proximité dans le village de Taluen. Ils se déclarent opposés au projet de méga mine d’or en pleine forêt amazonienne, émanant d’un consortium russo-canadien et demandent également à la France de signer la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT) relative aux peuples indigènes et tribaux pour leur donner des droits opposables incluant des droits collectifs.
La volonté d’intégrer toutes les composantes de la population guyanaise (Amérindiens, Businenge, Créoles, Haïtiens…) et l’ampleur du mouvement ont rendu cette mobilisation citoyenne inédite et encourageante pour la suite. Des résultats sont déjà là ! Un accord, signé avec les autorités françaises en avril 2017, prévoit de débloquer plus de 3 milliards d’euros pour des infrastructures et un meilleur accès à l’éducation et à la santé, envisage une cession foncière aux Amérindiens et Businenge et veut rouvrir le débat sur le renforcement de l’autonomie de la Guyane.
Les jeunes autochtones de Guyane continueront-ils à être entendus ?
Pour en savoir plus :
http://nougonkesa.fr/telechargement/cahier-de-revendications-30-03-17/