Les issues stratégiques à la crise globale

, par LUSSON Julien, MASSIAH Gustave

*Le débat international et la démarche du mouvement altermondialiste *

Le G20 de Londres a été à la hauteur des désillusions prévues. Certes
plusieurs des déclarations ne manquent pas d’intérêt dans la mesure où
elles semblent à l’opposé des principes des politiques des années
passées. Prenons en acte et n’hésitons pas à rappeler les promesses de
régulation. Une première question vient ternir l’optimisme : peut-on
vraiment faire confiance aux dirigeants du G20 pour mettre en place une
nouvelle régulation et en accepter les conséquences ? Pour l’instant, il
ne semble pas. L’impression qui domine est que, en dehors d’un accord
sur les plans de relance, les dirigeants espèrent, ou laissent croire,
que la crise se calmera en 2010, et qu’il sera bien temps de voir s’il
faudra aller plus loin dans l’idée d’une régulation consistante de
l’économie mondiale.

La deuxième question concerne les politiques économiques des prochains
mois et ce qu’elles laissent percevoir des orientations dominantes du
G20. Les paradis fiscaux ont été montrés du doigt et désignés. Mais les
listes confiées à l’OCDE ne sont pas très probantes. Surtout, seule
l’évasion fiscale est mise en cause et rien n’est avancé sur les trous
noirs de l’économie mondiale. Les multinationales, les banques et les
mafias pourront continuer à mener la danse en fonction des seuls
intérêts de leurs actionnaires cachés. Aucune réelle préoccupation n’est
apparue concernant la redistribution des richesses. La relance se
traduit par des crédits massifs, mais pour les banques et les
entreprises, qui continuent pourtant de licencier tout en rémunérant
grassement leurs cadres-dirigeants. Les super riches ont été priés
d’être discrets, ce qui leur paraît déjà insupportable. Les pauvres sont
priés d’attendre sans faire trop de bruit. Le commerce mondial et la
croissance ont été réaffirmés. Le FMI et la Banque mondiale ont été
félicités, dotés et promus. Pas de remise en cause de leurs statuts ou
des droits de vote, pompeusement appelés « gouvernance ». Pas question
de critiquer les politiques économiques imposées, fièrement revendiquées
et toujours marquées du sceau du néolibéralisme.

Et pourtant le changement est indispensable. Il viendra nécessairement
de l’approfondissement de la crise qui, au prix des souffrances des plus
fragiles, viendra démontrer qu’il ne s’agit pas d’un mauvais rêve dont
pourraient sortir les puissants sans risque pour leurs pouvoirs et leurs
privilèges. Il viendra surtout des résistances locales et nationales qui
répondent à des situations insupportables et qui prennent conscience de
la duplicité des dirigeants politiques qui ont réussi à garder leurs
places malgré leurs responsabilités dans la crise.

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