Depuis l’Antiquité, il existe diverses formes d’exploitation des enfants, notamment par le travail. Ces dernières années, de nouvelles mobilisations ont été mises en place pour lutter contre un fléau qui ne touche pas uniquement les pays les plus pauvres ou en guerre. Des millions d’enfants travaillent également au Nord dans des conditions dangereuses, aliénantes ou proches de l’exploitation.
Il est difficile d’évaluer le nombre d’enfants travailleurs, tant certaines activités s’effectuent loin des regards, notamment dans la sphère domestique. Selon l’Organisation Internationale du Travail, le travail des enfants décline depuis quelques années, même si modestement (réduction de 3 % entre la période 2004 et 2008). Son dernier rapport (2010) évalue à 215 millions le nombre d’enfants qui travaillent. Parmi eux, il reste encore 115 millions d’enfants qui exercent des activités dangereuses.
Malgré des législations renforcées, des mobilisations sans précédent de la part des organisations internationales, des médias et des citoyens, le travail des enfants diminue encore trop lentement et l’on voit même apparaître de nouvelles formes d’asservissement. Dans une économie mondialisée, qui incite les entreprises à entrer dans la course aux plus bas prix, l’enfant est ainsi devenu un maillon essentiel dans la chaîne productive, prisé par les employeurs.
De l’autre côté, la pauvreté contraint certaines familles à faire travailler leurs enfants pour compléter les revenus du foyer, au détriment de leur scolarité.
Comment apporter des réponses à ce problème des enfants travailleurs, tout en tenant compte des réalités socio-économiques ? Bon nombre d’organisations entendent aujourd’hui la cause des mouvements de jeunes travailleurs. Ces derniers s’élèvent contre l’interdiction totale du travail des enfants tout en approuvant la volonté des Etats et des grandes organisations de mettre fin à leur exploitation… pour leur conférer enfin une vie digne.
Le travail des enfants : de quoi parle-t-on ?
Adopter une définition universelle du mot « enfant » est impossible car toutes les sociétés humaines n’ont pas la même perception de l’enfant. A l’intérieur même des pays, cette perception a évolué au cours de l’histoire ; les lois changent et conduisent à confier à l’enfant un statut à part entière.
L’origine de ce mot latin infans est : « celui qui ne parle pas ». En effet, l’enfant a longtemps été considéré comme un individu doté de devoirs (celui d’obéir et de se taire) et non de droits ; il ne doit sa reconnaissance qu’aux différentes lois qui ont jalonné la construction des droits de l’Homme.
En France, le cadre législatif ne précise pas quand l’enfance débute ou se termine mais institue la notion de droits de l’enfant, qui apparaît dès la Révolution française et le principe de la protection de l’enfant au début du XXe siècle.
Tous les jeunes du monde ne deviennent pas majeurs au même âge : dans certaines régions du monde, on considère que l’on quitte l’enfance lorsqu’on se marie, parfois à l’âge de 13 ou 14 ans. Ailleurs, les enfants deviennent des adultes lorsqu’ils atteignent la majorité, un âge où ils sont jugés capables d’être libres et responsables de leurs actes. En France, l’âge de la majorité est de 18 ans : c’est aussi le critère qu’a retenu l’Organisation Internationale du Travail (OIT) pour distinguer l’adulte de l’enfant.
Malgré des réalités différentes selon les cultures et les pays, la définition du mot enfant converge sur l’idée d’une phase de vie de savoirs et d’apprentissages, où le développement physique et psychologique est intense et où l’individu doit être protégé.
Le travail est défini comme une activité économique, qu’elle soit payée ou non, ce qui permet d’y inclure l’économie informelle ou le travail domestique.
Le travail enfantin est limité dans la plupart des pays par l’obligation scolaire jusqu’à 14, 15 ou 16 ans. Les enfants ne sont donc pas censés travailler avant cet âge.
Le travail des enfants s’effectue dans des environnements très différents et l’on peut distinguer des formes de travaux « acceptables », alors que d’autres sont jugées intolérables. Les petits travaux d’appoint, les « jobs » pour se faire de l’argent de poche en dehors des heures de cours, les travaux saisonniers ou certains travaux familiaux, sont « acceptables » dans la mesure où ils n’entravent pas le développement physique et psychologique de l’enfant et où ils sont compatibles avec une scolarisation.
D’autres formes de travaux, regroupés dans la notion de child labour, sont plus problématiques puisqu’il s’agit d’activité à temps plein, dans les champs, dans les mines, à l’usine ou dans les rues. Ils concernent des enfants issus de familles pauvres, contraints de rapporter un salaire au sein de leur foyer. C’est dans cette catégorie de travailleurs qu’on trouve parfois des formes de travail proches de l’exploitation. A l’intérieur ou à l’extérieur de la famille, les conditions de vie de ces enfants travailleurs sont parfois intolérables : horaires à rallonge avec une rémunération insignifiante, travail nuisible pour la santé, efforts physiques éprouvants, intimidations, violences qui affectent la santé et le psychisme de l’enfant…
Dans ces tâches inacceptables se trouvent le travail forcé, l’esclavage, l’enrôlement dans les conflits armés, le trafic, la prostitution et la pornographie… où la vie de l’enfant n’a plus aucune valeur.