L’ailleurs, l’autre et soi-même. Le voyage est une quête qui a, de tout temps, nourri l’imaginaire des hommes et des femmes. Nicolas Bouvier, écrivain et voyageur suisse, expliquait dans son livre L’ouvrage du monde (1963) : « Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait ».
En instaurant, en 1936, le droit à des congés payés, l’Organisation internationale du travail a aboli un privilège et ouvert la voie à la démocratisation du voyage. Même si, aujourd’hui, ce droit n’est encore une réalité que pour une infime partie de l’humanité, le tourisme n’en est pas moins devenu le premier secteur industriel du monde : 12% du PIB mondial, 8% des emplois, plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires. Le voyageur est devenu touriste. Il consomme du dépaysement, de l’authenticité et de l’exotisme, vendus par de puissants groupes présents partout dans le monde. Les pays du Sud sont les spectateurs, tantôt désarmés, tantôt complices de ce voyage qui les défait. Car, évidemment, c’est là, où se conjuguent le soleil, la mer et le « folklore », que les maux du tourisme de masse se font le plus sentir.
Pour y remédier, depuis une dizaine d’années, des voyagistes et des associations se sont engagés, en étroit partenariat avec des communautés et des villages du Sud, dans un tourisme d’un nouveau genre. Ce tourisme solidaire ne vend pas que du rêve. Il promet surtout aux voyageurs l’amélioration des conditions de vie des populations qu’ils seront amenés à rencontrer et le respect de leur environnement économique, social, écologique et culturel.
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