Namibie : une transition démocratique pour un pays plus égalitaire

Le tourisme alternatif émergeant mais minoritaire

, par CRIDEV

Pour la première fois en 2011, le million de visiteurs a été dépassé. Ceux-ci viennent pour l’essentiel d’Angola et d’Afrique du Sud. Depuis, ce nombre ne cesse de progresser parallèlement au chiffre d’affaire des hôtels et restaurants, plus de 10% de croissance annuelle depuis 2011.

Sossusvlei sand dune, photo : Agnès Dionay, 2013

La Namibie dispose de larges atouts pour attirer les visiteurs : paysages, faune, végétation et diversité culturelle. 40 % du territoire font l’objet d’une gestion des ressources naturelles sous différentes formes. Etosha, Namib dessert, Sossusvlei sand dunes, Skeleton Coast et Fish River Canyon sont les parcs nationaux les plus connus. Il y a également des conservatoires communautaires, des réserves privées et des forêts communales qui permettent diverses activités d’observations de la faune, de la flore ou de chasse et de pêche ou de rencontres avec des groupes d’ethnies himba ou san. Les sites de Twyfelfontain, Brandberg et Spitzkoppe sont reconnus patrimoine de l’humanité par l’Unesco pour leur peintures ou gravures rupestres.

Le rapport sur le respect des droits humains des peuples indigènes présenté en 2013 par James Alaya au Conseil des droits de l’Homme met en avant les difficultés que connaissent certains peuples autochtones. En particulier les peuples Himbas et San, peuples traditionnellement semi-nomades souffrent de ne pas pouvoir circuler librement sur l’ensemble de leurs territoires ancestraux, notamment à cause de zones protégées pour les parcs touristiques.

Une grande partie de l’infrastructure hôtelière est détenue par les blancs. Afin de pallier ce déséquilibre et lutter contre la pauvreté, le gouvernement soutient le développement du tourisme communautaire (CBT : Community Based Tourism). En 1996, il s’engage dans le programme international appelé « CBNRM » (Community based natural resource management) et permet la création de « réserves communautaires », appelées « communal conservancies » alliant ainsi un objectif de développement durable et celui de l’autogestion. Les communautés adhérentes au programme sont responsables de la gestion des ressources fauniques et des activités touristiques y compris des revenus inhérents (camping, musée, commercialisation de produits artisanaux, visites guidées, chasse …). Elles peuvent également nouer des partenariats avec des investisseurs privés. En octobre 2014, on compte 82 conservancies couvrant plus 160 000 km2 et regroupant plus de 180 000 personnes (Source : NACSO, Namibian Association CBNRM Support Organisations). Mais face aux capacités locales limitées et aux difficultés rencontrées par les communautés pour intégrer leurs projets dans la filière touristique globale, où tour-opérateurs et intermédiaires dominent, on assiste à un renforcement du rôle des opérateurs privés dans le tourisme communautaire. Aussi globalement si les retombées écologiques et économiques sont réelles (d’après une étude de Jones et Weaver de 2008, il y aurait 800 emplois à temps plein et 5000 à temps partiel directement liés aux Conservancies), d’autres analyses soulignent la dépendance au système privé et le soutien encore important des ONG, notamment WWF (World Wild Fund for nature, USAID (United States Agency for International Development), ainsi que la Communauté Européenne. Par ailleurs, les sommes dépensées par les touristes étrangers n’arrivent que très partiellement aux mains des populations locales. Lapeyre estime en 2009 à 26 % les bénéfices des sommes dépensées au profit des populations locales.