Les hydrocarbures dans l’économie algérienne

Le poids des hydrocarbures dans l’économie algérienne

, par CDTM 34

Les hydrocarbures, source importante de revenus

Dans les années 1930, commencent les premières spéculations sur la présence de pétrole dans le Sahara algérien. Pendant la lutte de libération nationale, à la fin des années 1950, des compagnies françaises y découvrent des gisements d’hydrocarbures : le pays a du pétrole (gisement de Hassi Messaoud), et surtout du gaz (Hassi R’mel), ainsi les premiers contrats d’exploration sont signés avec des compagnies françaises et internationales.

Par rapport à d’autres pays du Moyen Orient et d’Afrique, les ressources de l’Algérie en pétrole et en gaz ne sont pas très importantes ; cependant le gouvernement décide d’exploiter au maximum les hydrocarbures et les revenus qu’il en tire pour se développer rapidement, en négligeant l’agriculture.

En 1963, est créée la compagnie nationale Sonatrach, comme outil pour la mise en œuvre de cette politique pétrolière et en 1969 le pays devient membre de l’OPEP.

Entre 1970-1972, le gouvernement algérien prend le contrôle des ressources, à travers l’abolition graduelle du régime des concessions et la nationalisation des compagnies étrangères, afin de renforcer le monopole de la Sonatrach. Cette politique est poursuivie pendant les années suivantes. Grâce au premier choc pétrolier en 1973, les revenus des hydrocarbures deviennent importants et ils se maintiennent élevés pendant toutes les années 1970 ; ces ressources servent à l’industrialisation du pays, à l’achat d’usines, et à la valorisation des hydrocarbures (1978, plan Valhyd). Tant que la rente pétrolière augmente, le pays arrive à financer les importations, à payer le service de sa dette, à satisfaire sa population, mais une situation économiquement déjà difficile culmine avec le contre choc pétrolier de 1986 et la chute des prix des hydrocarbures, amenant la déstabilisation économique du pays.

... Mais le développement ne suit pas

A la fin des années 1980, la dépendance économique algérienne envers ses ressources en hydrocarbures est de plus en plus évidente. Pour arriver à soutenir les coûts du développement, l’Etat modifie la loi sur les hydrocarbures à plusieurs reprises, afin d’ouvrir progressivement ce secteur à l’économie de marché. Cependant, les résultats sont décevants car les compagnies internationales ne trouvent pas ces conditions assez intéressantes.

En 1991, la loi sur les hydrocarbures est encore une fois aménagée dans le but d’accroître les réserves et d’en faire profiter la Sonatrach. Alors que, jusqu’en 1986, les compagnies étrangères et privées avaient le seul droit d’exploration, leur champ d’action économique sur place, s’élargit. La hausse des cours du pétrole due à la guerre du Golfe, contribue à augmenter les revenus.

Mais l’argent qui entre dans les caisses de l’Etat sert à payer les arriérés de la dette. La situation économique et sociale ne s’améliore donc pas. En 1991 éclate la guerre civile. En 1994 le FMI pose comme condition pour le rééchelonnement de la dette, une plus grande ouverture au marché international, qui apporte en effet des résultats macroéconomiques positifs. Alors que les autres secteurs de l’économie déclinent, celui des hydrocarbures connaît de 1995 à 2001 une reprise significative.

En 2001 l’Etat, pour diversifier et augmenter ses revenus et rendre plus attractifs les investissements, propose une politique de libéralisation plus profonde. Un avant projet de loi sur les hydrocarbures prévoit la soumission de la Sonatrach aux mêmes règles du marché que les compagnies étrangères, en ne réservant à la compagnie nationale que 30% du produit des gisements découverts par des partenaires étrangers. Nombreuses sont les oppositions politiques à ce projet. Bouteflika en 2002, à l’approche des élections, retire donc ce projet de loi (appelée de dénationalisation puisque elle réintroduit les concessions d’avant 1971). Mais après sa ré-élection, cette loi sera finalement votée en 2005.

Malgré les privilèges accordés aux investisseurs étrangers, ceux ci sont peu nombreux et c’est l’Etat qui, comme pendant les années de l’économie administrée, demeure l’investisseur le plus important. Il prive ainsi de son engagement financier les autres secteurs de l’économie (notamment le social).

Les revenus gaziers et pétroliers de l’Algérie ont considérablement augmenté depuis 2003 grâce à la très bonne qualité de son gaz, à la hausse des cours des hydrocarbures et au développement du commerce avec l’Union Européenne et les Etats Unis.

Le boom de l’économie algérienne est un trompe-l’œil, elle reste dépendante des hydrocarbures, qui constituent encore , en 2011, 96% des revenus des exportations, 60% de son budget et 40% de son PIB, et il n’y a toujours pas de croissance, pas de développement, pas d’emplois et pas de perspectives, notamment pour les jeunes sans emploi, prêts à « brûler les frontières » pour quitter leur pays, ou à s’immoler par le feu.

La situation est marquée par les incertitudes concernant la direction du pays : l’après BOUTEFLIKA inquiète et entraîne des tentations protectionnistes. Par ailleurs, des luttes d’influences se développent. autour de la Sonatrach, monopole public qui gère les hydrocarbures, alors qu’un contexte socio-économique stable serait nécessaire pour la transition démocratique de l’Algérie.

L’Algérie doit aujourd’hui diversifier ses revenus et son développement industriel et réduire l’importance de la rente pétrolière qui fragilise l’équilibre d’ensemble de son économie. Bien que disposant d’importantes ressources d’hydrocarbures, elle doit préparer sa transition vers un modèle énergétique basé sur les énergies renouvelables. Ce programme a identifié plus de 65 projets pour la période 2011/2020.