Tunisie : les enjeux de la transition démocratique

Le paysage politique après l’élection de l’Assemblée constituante

, par CDTM 34

Le 23 octobre 2011, les Tunisiens se sont déplacés en masse pour décider de leur destin, pour la première fois librement. Ils ont élu une Assemblée nationale constituante chargée de veiller à la bonne suite du processus démocratique, de nommer un exécutif de transition, de préparer une nouvelle constitution et d’organiser des élections générales d’ici un an.

Sur 217 sièges :

  • Le parti islamiste Ennahda, arrive en tête dans quasiment toutes les circonscriptions. Il détient 89 sièges sur 217 (37 % des suffrages exprimés - 19 % du corps électoral)
  • Le Congrès pour la République (CPR) de Moncef Marzouki, arrivé deuxième, a obtenu 29 sièges (8 % des suffrages exprimés - 5 % du corps électoral)
  • La troisième force du pays est le parti Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés) dirigé par Mustapha Ben Jafaar qui a 21 sièges.
  • Le Pôle démocratique moderniste (PDM) a 4 élus.
  • Le parti Al Aridha Chaabia (La pétition populaire) soutenu par l’homme d’affaire Mohamed Hachemi Hamdi, a eu 26 sièges.

La victoire d’Ennahda

Ennahda a assuré son succès grâce à son homogénéité alors que les autres partis sont allés aux élections en très grand nombre et dans la dispersion.
Dès son élection, Ennahda a déclaré ne pas vouloir gouverner seul. Une coalition de gouvernement s’est mise en place avec notamment le Congrès pour la République et Ettakatol.

Les partis de gauche sortent affaiblis de ces élections. Leur émiettement leur a coûté cher. Au sein de l’Assemblée constituante, ils revendiquent de s’inscrire dans l’opposition. Plusieurs d’entre eux s’organisent pour unir leurs forces afin de peser dans les prochaines élections.

Les femmes représentent 23% des députés dans l’Assemblée constituante ; malgré la parité des listes électorales, seulement 7% des têtes de liste étaient des femmes, Parmi les 48 femmes élues, 42 appartiennent à Ennahda.

L’ancien parti de Ben Ali, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), interdit depuis mars 2011, était très implanté dans tout le pays. Dans l’administration, la police, la justice, en milieu rural, il avait des réseaux très organisés dont les militants sont toujours là.

Syndicat unique, l’UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) a longtemps adopté une position ambiguë : la direction de cette inter syndicale était proche du régime de Ben Ali alors que les syndicalistes de la base soutenaient les luttes des travailleurs. Cette proximité avec les mouvements populaires insurrectionnels donne une légitimité à l’UGTT qui entend participer à la transformation politique et économique du pays.

L’armée est très populaire depuis qu’elle a refusé de tirer sur les manifestants et de soutenir Ben Ali.